Les liens artificiels
de Nathan Devers

critiqué par Bernard2, le 28 septembre 2022
(DAX - 74 ans)


La note:  étoiles
Prémonitoire ?
De nos jours à Rungis. Julien, vivant dans un modeste studio, pianiste aux maigres cachets, séparé de sa compagne, s’inscrit sur internet à un programme de réalité virtuelle, qui le transporte dans un « anti-monde ». Son avatar lui permet de réaliser ses rêves les plus fous, dans un contexte qui l’entraîne dans des situations extravagantes de plus en plus extrêmes.
Julien ne vit plus que pour ce monde qui n’existe pas, oubliant sa véritable condition de médiocrité. Tout cela se termine mal, Julien finit par se suicider, ce que l’on sait dès le début puisque le livre commence ainsi.
Cette caricature pousse jusqu’à la dérision le ridicule de notre monde actuel, où les réseaux dits sociaux ne créent aucun lien, bien au contraire, isolant leurs adeptes de tout contact réel. Je cite : « Le sabir de tous les anonymes qui, dans les commentaires YouTube, sur Twitter et partout sur le Net, déversaient des océans de haine sans aucune raison, vomissant toutes les vulgarités qui leur traversaient l’esprit. Le pire, c’était que malgré son orthographe et sa violence gratuite…. », etc.
Tout est peut-être résumé par cette simple phrase, à la fin de la première partie du livre : « Ça n’avait aucun sens et c’était formidable ».
On a là un roman qui aurait mérité une réflexion plus approfondie, l’auteur semblant s’être laissé emporter par l’absurde qu’il entend dénoncer, mais sans avoir su en trouver la limite. On finit par ne plus pouvoir se raccrocher au réel, la caricature allant beaucoup trop loin. Et la fin du livre est totalement ratée. Un livre ambivalent où le lecteur va avoir à faire un tri.