Augustus Carp
de Henry Howarth Bashford

critiqué par Sahkti, le 5 octobre 2004
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
La morale à tout prix
On le sait, les Anglais sont des spécialistes de l'humour caustique qui fait mouche. Augustus Carp ne déroge pas à la règle. Saluons la traduction d'Eric Wessberge et la mise à disposition en français par Phébus de ce texte qui ravit les Britanniques depuis près de 80 ans (le livre est sorti en 1924 et a d'emblée connu un franc succès).

Sir Henry Howarth Bashford était un membre éminent de l'Académie Royale de Médecine et proche de George VI, un homme réputé peu drôle, comme quoi les apparences sont parfois bien trompeuses ! Il mourut en 1961, emportant avec lui le secret de la paternité de cette oeuvre. C'est Anthony Burgess, fan inconditionnel de ce récit, qui brisa le mystère, il signe d'ailleurs la préface de cette édition.
Augustus Carp, c'est la condamnation avec beaucoup d'humour et de férocité d'une société victorienne figée dans ses principes et sa bonne moralité. Autant vous dire que ça décoiffe, Augustus Carp, un bourgeois à la moralité étriquée, nous raconte sa vie et son époque en condamnant la décadence de la société. C'est hilarant. Il passe son temps à combattre le péché, à fuir le sexe ou le tabac, formes parfaites du vice, mais plus il lutte, plus il s'en rapproche, à son grand désespoir. Bashford développe un style hautement piquant et une ironie qui laisse sans voix. Si Augustus Carp se livre à de vils chantages, c'est pour faire régner la justice, bien sûr, et si il se révèle être un parfait mysogine, c'est parce qu'il défend le rôle réel de l'homme dans la société britannique si puritaine. Enormément de second degré, de l'humour comme on aime, un vrai régal !