Préhistoire. L'envers du temps
de Rémi Labrusse

critiqué par Colen8, le 1 août 2022
( - 82 ans)


La note:  étoiles
Une invention tragique
Le récit biblique d’une création immuable s’est trouvé mis à mal après l’identification il n’y a guère plus de 200 ans, de fossiles d’espèces inconnues et de pierres taillées ayant dû faire office d’outils. Les certitudes d’un progrès initié au Néolithique, porté par le développement des techniques, par les vestiges de brillantes civilisations commencent à se fissurer. De même que sont remises en cause les idées d’une hiérarchie naturelle des espèces dominée par l’humanité à son seul profit.
Un espace temporel inconnu s’est ainsi ouvert sur la vie des chasseurs-cueilleurs du Paléolithique. Au fur et à mesure du perfectionnement des techniques de datation l’étude de la lente hominisation l’a élargi à trois millions d’années jetant la pensée dans un abîme métaphysique. En quelque sorte l’humanité ne peut plus se revendiquer d’une quelconque supériorité sur les autres espèces, pas plus qu’elle n’a de droit à piller les ressources de sa planète ni à se faire l’agent de sa propre destruction.
Un double développement étaye cette reconstitution aussi abondamment illustrée qu’impressionnante d’érudition : d’une part une approche philosophique sur l’idée de progrès instaurée en Occident depuis les Lumières, d’autre part une critique d’art rigoureuse sur la façon dont les créateurs des grottes ornées du Paléolithique supérieur ont inspiré tant de peintres et sculpteurs contemporains de Cézanne et Odilon Redon à Miro, Picasso, Smithson et beaucoup d’autres.
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