L'aube de cristal
de Salvatore Gucciardo

critiqué par Kinbote, le 24 juillet 2022
(Jumet - 65 ans)


La note:  étoiles
L'Odyssée de l'Espérance
L'AUBE DE CRISTAL de SALVATORE GUCCIARDO est une pièce poétique composé de 12 actes : L’aube céleste, Naissance, Le feu d’artifice, Astres flamboyants, L’étreinte…, principalement écrite en prose avec quelques échappées en vers, qui s’ouvre ainsi :
« A l’aube de cristal, la multiplication des ondes s’étend sur les espaces en friche. La goutte d’eau s’infiltre dans le cercle de la glaise pour se glisser dans la vulve terrestre. »

Comme l’analyse avec bonheur Elisabeta Bogatan dans la préface, « le poète entrevoit (…] le moment premier de la création, celui où l’eau se combine avec la glaise, pour créer la vie, l’être, par le pouvoir de la lumière. »

Son carnet de bord cosmique est ponctué de lettres ardentes, en Don Quichotte des temps modernes, à sa très chère dulcinée, son astre adoré, sa perle azurée, sa bien-aimée, son doux soleil… Il s’adresse à l’être qui le complète, de laquelle il tire sa force et grâce à qui il compte réifier le monde pour un avenir de la Terre et de l’humanité plus en harmonie avec les énergie en présence, en aspirant à une fin de l’obscurantisme (« La nuit obsède l’homme ») tout en se demandant Quand finira-t-elle / La Nuit / De l’homme ? Pour ce faire, il fera appel à une licorne, à l’arbre alchimique…

Le narrateur appelle à « la métamorphose de l’être », à ce que toute la puissance de l’univers » concoure à « l’éblouissement de l’espérance ».

L’acte 12, intitulé L’offrande, peut se lire à la lumière du conflit qui fait rage aux portes de l’Europe là où notamment il est écrit : « J’ai offert, tout l’or du monde, tous les joyaux de la terre aux guerriers de l’apocalypse, afin qu’ils n’entament pas le chant de guerre. Je les ai suppliés de ne pas déployer les ailes du champignon nucléaire. »

Comme l’écrit Michel Bénard dans la postface, « le peintre-poète se confond à cette grande éclosion, à cette folle germination, à ce souffle d’énergie universelle ». Sa vision, écrit-il encore, est celle d’une sorte de « démiurge » ou de « thaumaturge » : il joue avec sa vie le sort de l’humanité.

Au dernier acte, intitulé Le Sage, comme l’écrit Elisabeta Bogatan, y voit « une illustration du mythe de l’éternel retour, avec ce retour au temps de la création, de la genèse, dans un illo tempore, le temps des commencements »… telle une aube nouvelle, désormais pure et éclatante comme le cristal, destinée à établir le Jour nouveau sur une base solide et intemporelle.