American Dirt
de Jeanine Cummins

critiqué par Psychééé, le 6 juin 2022
( - 35 ans)


La note:  étoiles
Les migrants au coeur de l'enfer
American Dirt s’ouvre sur l’assassinat à Acapulco d’une famille entière, à l’exception de Lydia et de son fils Luca, 8 ans, cachés pendant l’attaque. Commence alors une course poursuite haletante de Luca et de sa mère pour échapper au cartel des Jardineros. Celui-ci est dirigé par Javier dit La Lechuza, un client érudit qui s’est profondément lié d’amitié avec Lydia au sein de sa librairie. Lorsque Sebastian, son mari, révèle l’identité du chef du cartel au sein d’un article, la situation dérape complètement.
Voyage au cœur de l’enfer

Aux côtés de dizaines de migrants, Lydia et Luca tentent de voyager clandestinement à travers le Mexique, à bord de la Bestia, un train de marchandises qui se dirige vers le nord. Ils souhaitent atteindre les Etats-Unis pour se mettre à l’abri et ne doivent laisser aucune trace derrière eux. Lydia fait preuve de beaucoup de courage et même d’un instinct maternel fort envers les enfants migrants rencontrés. Beto, drôle de loustic dont on oublierait presque qu’il n’est qu’un enfant, les magnifiques sœurs Honduriennes Soledad et Rebeca … C’est comme s’ils formaient un cocon rassurant dans ce monde d’une violence inouïe. Chaque minute est angoissante avec la présence de narcos au sein même des forces de l’ordre et les arrestations répétées de la Migra. Personne n’est digne de confiance.

L’auteur raconte le quotidien de ces migrants constamment sur le qui-vive se dirigeant tant bien que mal vers la frontière des Etats-Unis. Plus que l’immigration latino, ce roman haletant et dur émotionnellement invite à changer de regard sur les migrants en général. A réaliser combien leur parcours est complexe, dangereux et inévitable pour échapper à une situation désespérée. C’est un hymne à tous les migrants qui prennent des risques inconsidérés dans le monde entier et à de nombreux destins tragiques. Un thème qui reste fortement d’actualité avec l’exode de millions d’Ukrainiens. Ce livre prenant et totalement bouleversant résonnera encore longtemps en moi.

« Elle songe à quel point les migrants doivent faire preuve de capacité d’adaptation. Ils sont obligés de changer d’avis chaque jour, chaque heure. Et de ne s’entêter que pour une seule chose : survivre. »
Pas que des saletés 9 étoiles

Si comme il est écrit en première page, ce roman est le premier de cette auteure traduit en français, il le mérite bien car c’est une œuvre de grande qualité.

Elle raconte l’histoire de Lydia, habitante « sans histoires » d’Acapulco au Mexique et celle de son jeune fils Luca. Ils sont embarqués dans un périple à travers leur pays pour rejoindre le nord c’est-à-dire les Etats-Unis d’Amérique après un épisode tragique dans lequel ils ont perdu la totalité de leur famille dans un « règlement de compte ». Nous voyageons donc avec ces deux-là mais aussi d’autres personnes « migrants », politiques et économiques en provenance des pays de l’Amérique centrale avec toutes les aventures les plus folles et les plus inattendues et nous vivons leur sort peu enviable durant plusieurs semaines. Nous le vivons car le roman décrit des choses terribles qui touchent et qui semblent bien correspondre à la réalité actuelle dans cette partie du Monde avec : misère, inégalité sociale, violence, prédominance de la drogue et des cartels qui y sont liés, migration, « coyotes » (passeurs) et d’autres choses bien sales…

Donc, voici une œuvre d’une grande humanité et d’une grande précision pour une lecture linéaire aisée et passionnante. A recommander !

Ardeo - Flémalle - 76 ans - 7 novembre 2023