Algérie, la conquête: 1830-1870, comment tout a commencé
de Thierry Nélias

critiqué par Page , le 2 juin 2022
(Rennes - 35 ans)


La note:  étoiles
Le royaume arabe d’Algérie, autre chimère de Napoléon III
Alors que l’on commémore les soixante ans de la fin de la Guerre d’Algérie, cet ouvrage se donne pour mission de retracer ce que fut le premier tiers de cette colonisation. Ce qui est né dans l’extrême violence pouvait-il se terminer par autre chose que la violence ?

On voit que dès le départ la colonisation réduit les indigènes à la pauvreté et que les colons refusent d’admettre ce fait, répandant l'idée que les musulmans sont des oisifs. Ce type de réponse est donné, notamment par un maire, à Napoléon III lors de son déplacement dans le pays.

L’auteur énonce des faits, les mesure, compare et pèse. Il s’appuie fortement sur les écrits des métropolitains qui visitent le pays ou des fonctionnaires et militaires en post. Le lecteur plonge dans un univers où les faits insolites ne manquent pas et ceci depuis le début avec ce bateau de croisière affrété par un armateur marseillais pour que des touristes (avant l’heure) puissent assister en direct, mais à une distance leur épargnant des risques, à la prise d’Alger. Les grandes figures de l'armée française qui ont assuré la conquête et maintenu l’ordre sont largement évoquées et la résistance arabe n’est pas présentée par la seule personne d’Abd-el-Kader.

L'administration française arrive à soutirer, auprès des autorités musulmanes du pays et de nombre des plus hautes personnalités religieuses étrangères, des consignes aux indigènes de se soumettre puisque l'islam est protégé. Les missionnaires catholiques ne trouveront pas d'appui de la part des administrations coloniales. D'autre part des indigènes, tout au long de ses quarante ans, passent au service d'occupant ; ainsi par exemple les spahis sont une force constituée dès 1831 et les zouaves sont au départ des soldats indigènes quoique encadrés par des Européens.

Le projet de protection et meilleur respect des droits des indigènes de Napoléon III pouvait-il aboutir ? L’Algérie aurait été une vitrine pour conquérir le cœur de tous les Arabes d’un Empire ottoman où ces derniers n’étaient pas particulièrement favorisés. Un empire ottoman que la France venais de défendre en Crimée contre les Russes qui voulaient faire de la Mer noire un lac intérieur et accéder à la Méditerranée. L’empereur avait d’ailleurs envoyé des troupes au Liban pour mettre fin au massacre de populations chrétiennes et était déjà la protectrice de lieux saints en Palestine.