La grande déraison: Race, genre, identité
de Douglas Murray

critiqué par Colen8, le 2 mai 2022
( - 82 ans)


La note:  étoiles
Confusion et discordes en tous genres
Le progressisme démocratique soutenant la lutte sociale contre l’oppression du genre est dans l‘impasse. L’orientation sexuelle en dépit de l’ignorance sur son caractère inné ou acquis n’était plus objet de débat. En décortiquant trois thèmes à peu près stabilisés dans l’opinion sur l’égalité civique envers les gays, les femmes, les noirs et gens de couleur(1), la prise en compte de l’identité trans a fait voler en éclat un bel édifice pris dans les tourmentes de la politique.
L’homosexualité semblait avoir trouvé son aboutissement après avoir été dépénalisée d’abord, n’être plus considérée comme une pathologie mentale, le mariage pour tous étant depuis lors passé dans les mœurs. Ça s’est compliqué quand les positions des gays ont divergé de celles des lesbiennes, quand un camp parmi les homosexuels cherchant juste une normalisation avec le reste de la société a été exclu par celui des « queers » violents, transgressifs et radicaux.
Où fixer les limites de l’égalité de droits ? A quel moment commence-t-on à dénoncer l’homophobie ? Et ainsi de suite. A l’heure où les générations successives de féministes militent encore contre le plafond de verre des carrières professionnelles, elles se font déborder par le mouvement « #MeToo », né dans l’industrie du divertissement, lequel est en complète contradiction avec le glamour de la séduction à tout prix seriné sans fin par les industries de la mode et du spectacle.
Quant au phénomène assez courant de l’intersexuation, il n’est aucunement mis en cause. La souffrance ressentie par les transsexuels, dès la petite enfance pour certains d’entre eux est réelle. Mais des militants jusqu’au-boutistes sont apparus récemment dont les revendications bousculent celles des communautés précédentes, tandis que les autorités sanitaires adhèrent au traitement hormonal voire chirurgical administrés parfois avant même la puberté faisant fi de toute prudence devant son irréversibilité.
Des inter-chapitres revenant sur les influences marxistes du passé, sur celles de la technologie via les biais des algorithmes, sur le droit à l’oubli autant qu’au pardon, sont proposés dans cet essai excellemment traduit de David Murray. Quantité d’exemples cités justifient une formulation sans tabou des considérations propres à une majorité silencieuse exclue de la discussion par les torrents d’anathèmes déversés contre elle au travers des réseaux sociaux.
(1) D’après la terminologie anglo-saxonne sur les races, terme jugé ambigu en France où est préféré celui d’origine ethnique.