Belle Greene
de Alexandra Lapierre

critiqué par Pascale Ew., le 25 avril 2022
( - 56 ans)


La note:  étoiles
Histoire d'un destin hors du commun
Toute l’histoire de Belle Greene trouve ses origines dans le fait qu’elle est noire mais paraît blanche. Sa famille a décidé de s’affranchir de leurs origines pour pouvoir vivre une vie « normale ». Leur père, acharné défenseur des droits des noirs, les ayant abandonnés à leur sort pour vivre à l’étranger avec sa maîtresse, sa mère et ses frère et sœurs n’ont eu d’autre choix que de subsister à leurs besoins par eux-mêmes. Ils ont cependant fait le pacte de ne pas avoir d’enfant pour éviter que leurs origines ne ressurgissent au détour d’un gène compromettant.
Belle Greene devient donc Belle da Costa Green et au passage, toute la famille se rajeunit de plusieurs années. Elle poursuit un rêve et réussit à devenir bibliothécaire, puis à se faire embaucher par JP Morgan, riche banquier qui collectionne les ouvrages et œuvres rares. Elle organise sa bibliothèque privée et négocie les achats des œuvres qu’il convoite aux quatre coins du monde. Sa vie privée passe après sa carrière. Elle entretient des liaisons avec des hommes mariés, joue de son charme et de ses connaissances pour arriver à ses fins professionnelles. Sa relation la plus importante, elle la vit principalement à distance et par missives interposées avec un de ses mentors. Elle parvient tout de même à être la femme la mieux rémunérée des Etats-Unis et à se faire un nom dans son milieu. Rusée, elle agrandit les collections de son employeur. Même si ce dernier est d’une jalousie maladive et tyrannique, elle a du répondant et son tempérament lui convient.
La fin justifie-t-elle les moyens ? Le choix des Greene tiendra-t-il ? Le prix à payer pourrait se révéler élevé...
Finalement, Belle aura acquis sa liberté, sa réputation et ses richesses (qui auront entretenu sa famille) à la force de ses poignets, mais sa vie sentimentale est chaotique et semble quelque peu cadenassée. L’auteure a pris le parti de se tenir au plus près de la vérité, mais développe peu les sentiments qui habitent son héroïne. Ce choix tient par conséquent le lecteur un peu à l’écart de ce personnage qui nous paraît peu attachant et froide. Mais sa destinée peut forcer le respect.