Dieu qui parle
de Tony Hillerman

critiqué par Tistou, le 10 mars 2022
( - 67 ans)


La note:  étoiles
9ème opus de Tony Hillerman
Tony Hillerman est un auteur de polar ethnique, centré sur les Navajos et les Hopis (Sud-Ouest des USA, entre Nouveau-Mexique et Arizona), qui, entre 1970 et 2006 a publié 18 ouvrages qui constituent un tout, une suite, avec pour protagonistes principaux Joe Leaphorn, puis Jim Chee, tous deux de la Police Tribale Navajo.
Les trois premiers ouvrages constituent la trilogie Joe Leaphorn, les trois suivants la trilogie Jim Chee. Les romans de Tony Hillerman se distinguent par une volonté quasi ethnographique d’informer le lecteur des us et coutumes navajos, des paysages dans lesquels Hopis et Navajos évoluent. Une intrigue policière soutient le corps du roman et Joe Leaphorn comme Jim Chee sont là pour la résoudre.
Pour qui a pu voyager dans ces déserts de la région des « Four corners », la lecture de Tony Hillerman résonne terriblement. Pour ceux qui prépareraient un voyage par là-bas, sa lecture est des plus profitable.

Dieu qui parle est une figure marquante de la cosmogonie Navajo. Il est représenté par un masque parfaitement défini, identifié et identifiable, et va jouer un rôle majeur dans ce 9ème opus de Tony Hillerman. 9ème opus qui va voir nos deux héros ; Jim Chee et le Lieutenant Leaphorn (qui, au passage, est revenu sur sa décision de prendre sa retraite, démuni et déboussolé qu’il est après la mort d’Emma sa femme), intervenir conjointement, mais chacun venu d’un bout différent de l’enquête, en milieu inhospitalier, bien loin de la réserve Navajo puisqu’ils se retrouvent tous deux à … Washington. Situation aussi incongrue que, par exemple, des Jamaïcains qui se lanceraient dans une compétition de Bobsleigh ! Voici la situation résumée par Leaphorn :

- Jim Chee, en sa qualité de policier, et moi-même avons un problème, débuta Leaphorn en s’adressant à moitié à Rodney et à moitié à la table. Nous sommes comme deux chiens qui ont suivi deux séries de traces différentes jusqu’au même tas de broussailles. L’un des chiens pense qu’il y a un lapin sous les broussailles, l’autre pense que c’est un lynx. Le tas est le même, les informations différentes.
Il jeta un regard à Chee :
- C’est bien ça ?
Chee hocha la tête.


Tout part d’un cadavre non identifié retrouvé le long d’une voie ferrée en plein territoire désertique de la réserve Navajo. Qui ne laissera pas la paix à Leaphorn avant d’avoir pu comprendre « qui, et pourquoi ». Ca c’est la piste Leaphorn.
Jim Chee de son côté a été mandaté pour interpeller au cours d’une de ces cérémonies Navajo chère à Tony Hillerman, le Chant de la Nuit, un « Blanc » qui se persuade d’être Navajo et qui s’est rendu coupable d’exhumation de cadavres « blancs » pour protester contre la rétention de squelettes amérindiens au Musée d’Histoire Naturelle de Washington.
Bizarrement leurs deux enquêtes disjointes vont les voir tous deux, chacun de leur côté, prendre un congé pour aller comprendre ce qu’il se passe, hors de leur juridiction, à Washington, et finalement …
Un peu déroutant de suivre nos deux policiers Navajos hors des paysages d’Arizona ou Nouveau-Mexique, près de la Maison Blanche. Mais, de même que Craig Johnson avait emmené son héros suivre une enquête à Philadelphie, loin de son Wyoming ou James Lee Burke envoyer Dave Robicheaux dans le Montana, bien loin de la Louisiane, il semblerait que ce soit comme un passage obligé dans ce genre de saga.
Et puis, il est tellement habile Tony Hillerman … !