Douve
de Victor Guilbert

critiqué par Monocle, le 27 février 2022
(tournai - 64 ans)


La note:  étoiles
Bonne lecture
Par quel curieux hasard ce roman qui est manifestement un thriller policier s'est-il retrouvé sous mes yeux avides, moi qui abhorre les polars ? Une critique enthousiaste sans doute et, ma foi, je ne le regrette pas. Je profite pour rendre hommage au lecteur(trice) qui fit un si bel éloge et qui m'attira dans ses rets.

Douve est un village du fond de la France profonde, village qui ne mène nulle part, cerné par une forêt gloutonne dont l'auteur parlera en ces termes : « La forêt de Douve ne connaît pas le soleil, elle ne connaît pas l’espoir ni le pardon, elle avale, elle engloutit et elle recrache quand c’est trop tard. »
Tout un programme ! L'idée me plaisait et me rappelait furieusement deux livres de l'excellent (mais trop rare) Serge Joncour ; l'écrivain national et Chien loup. Ce concept du vase clos, et des coins isolés du monde doivent être sans doute quelques réminiscences de ROBINSON CRUSOE que j'ai lu jusqu'à plus soif lorsque j’étais enfant.

bref l'histoire se passe en deux temps. Douve fut l'objet d'un assassinat particulier à quelques décennies de là. La mère de l'acteur principal était journaliste et couvrait l’événement et le père était "flic" tout comme son fils.
Toute la famille d'un médecin finlandais qui avait opté pour la vie monastique du village si morose, fut assassinée. Le seul survivant fut le médecin (et mari) qui apparut vite comme le coupable.

Quarante ans plus tard le fils apprend par sa mère atteinte d’Alzheimer que sa véritable filiation ne serait peut-être pas étrangère à ce séjour et à un de ses habitants. Il n'en faut pas plus pour titiller la curiosité d'un policier, qui obtient un congé pour aller vérifier sur place qui est son vrai père et pourquoi pas résoudre l'énigme de crime qui défraya la chronique ?.

Seulement voilà, les habitants n'ont peut-être pas trop envie qu'on reparle de cette vielle affaire. Ils ne semblent pas trop à l'aise comme si tout le monde avait quelque chose à se reprocher
A noter au fil des pages, une citation qui mérite d'être reproduite : " L’amour est une entreprise où la femme décide de tout. Une fois qu’on a montré qu’on est disponible et intéressé, la balle est dans son camp. Elle jauge si on est à son goût, elle pèse le pour et le contre et nous livre sa réponse par des signaux plus ou moins directs. Faire semblant d’être quelqu’un qui vaut la peine entrera éventuellement en ligne de compte, mais les femmes ne sont pas dupes. C’est l’effort qui sera salué. Comme à un entretien d’embauche. Pour obtenir le poste, ce ne sont pas les qualités mises en avant qui font envie, c’est l’attitude générale. "

Bref, une lecture agréable avec quelques très belles situations, malheureusement aussi quelques lourdeurs. Victor Guibert, qui n'a pas spécialement brillé avec ses deux précédentes parutions semble avoir trouvé ici un style plus percutant mais surtout plus digeste.
Bonne lecture.