En exil: Les réfugiés en Europe, de la fin du XVIIIᵉ siècle à nos jours
de Delphine Diaz

critiqué par Colen8, le 26 février 2022
( - 82 ans)


La note:  étoiles
« L’Europe en mouvement »
Un siècle d’évolution du droit international en faveur de l’accueil des réfugiés n’est pas à l’honneur des pays européens. La Croix-Rouge tout d’abord, la Société des Nations ensuite à l’occasion d’une conférence présidée par le Norvégien Nanssen ont permis de créer un Haut-Commissariat aux réfugiés russes, ancêtre de l’actuel HCR des Nations Unies. Trente ans plus tard la Convention de Genève renforçait les éléments juridiques associés au droit d’asile et à la protection statutaire des réfugiés qu’ils soient exilés, déportés, migrants fuyant les persécutions politiques ou tout simplement la misère, sans toutefois leur attribuer la portée universelle véhiculée par la Déclaration des droits de l’Homme.
Suivre les mouvements incessants de personnes et de groupes sociaux depuis la Révolution donne une meilleure idée des brassages qui se sont succédé en Europe en raison des événements internes, révolutions et guerres principalement, ainsi que des conditions régnant à l’extérieur. S’ils représentaient des dizaines ou centaines de milliers de déplacés jusqu’à la Grande Guerre, ils se sont comptés par la suite en dizaines de millions au sein de l’espace européen et ailleurs outre atlantique : exodes massifs des Arméniens, des Juifs d’Europe de l’Est, des Slaves fuyant la révolution bolchevique, des minorités germanophones, des Grecs d’Anatolie, des Turcs et de tant d’autres.
Les besoins de reconstruction de l’après-guerre pour soutenir la croissance des Trente Glorieuses, les conflits des indépendances ayant accompagné les décolonisations, plus proche de nous la fin de l’URSS(1), les « printemps arabes », l’expansion du terrorisme islamiste en Afrique subsaharienne, autant de situations entretenant une hostilité grandissante des sociétés civiles quant à l’intégration de ces populations allogènes qui se pressent à pied ou par mer aux portes de l’Union Européenne. La contradiction est flagrante entre les obligations du droit international et la politique sécuritaire des Etats. Les frontières se hérissent de murs toujours plus dissuasifs sans tenir vraiment compte du déclin démographique de ces mêmes pays.
(1) Dont les conséquences attisent en ce moment même l’invasion de l’Ukraine par la Russie.