Le ventre creux: Le lundi soir aux Restos du Coeur
de Bastien Stisi

critiqué par CHALOT, le 24 février 2022
(Vaux le Pénil - 76 ans)


La note:  étoiles
Du social de la chaleur et surtout de l'humanité !
« Le ventre creux »
Le lundi soir aux Restos du Cœur
Livre de Bastien Stisi
Editions Alisio
319 pages
Janvier 2022

Ils s’installent le lundi, le mercredi et le vendredi de 19H30 à 21 H , Place de Budapest, près de la gare Saint Lazare à Paris.
Ils, ce sont les bénévoles, une quinzaine, parfois une vingtaine qui se mobilisent pour servir des repas et du café à parfois 200 personnes.
Pourquoi ont-ils choisi cette action bénévole plutôt qu’une autre ?
C’est difficile, l’environnement n’est pas toujours favorable, les bénévoles ont affaire parfois à des personnes difficiles…. Certes, mais, il y a le relationnel, très fort, le plaisir d’être utiles.
Les Restos du cœur c’est un peu comme une grande famille.
L’auteur, Bastien Stisi, consacre tous ses lundis soir à cette action, à ces retrouvailles et dans ce livre il nous parle des gens, de leur vie, de leurs attitudes, des liens forts qui se nouent entre celui qui donne et celui qui reçoit ?
Qui donne réellement ?
Le bénévole qui écoute, qui est là pour se mettre à la disposition de l’autre, oui mais aussi le bénéficiaire qui se raconte, qui peut s’intéresser à la vie du bénévole.
Certains parlent d’une grande « communauté » sociale et humaine, assez ouverte malgré tout, oui le livre nous le montre très bien.
L’auteur ne cache rien, ni les périodes de doute, ni l’attitude difficile de personnes qui un soir peuvent être au bout du rouleau. Ils font payer la note au bénévole mais en fin de compte, le collectif résiste et arrive à calmer celui ou celle qui se laisse aller.
Qui devient SDF ? N’importe qui, il suffit d’un accident.
« On ne se doute pas à quel point ça va vite : à un moment, tu possèdes en toi les ressources les plus inépuisables de la planète, et le lendemain, il n’y a plus rien d’autre qu’un parking. »
Un jour, les Restos du cœur doivent déménager car ils gênent le restaurateur… Ils vont plus loin dans un endroit moins visible car pour le mouvement, l’important c’est d’être là pour apporter de la nourriture, de la chaleur humaine, de l’humanité.
Le Covid-19 et la période de confinement ont occasionné beaucoup de difficultés et notamment la fin momentanément des repas chauds.
Malgré tout, les Restos du Cœur ont continué à ouvrir et à donner de l’humanité à celles et à ceux que les autorités et même les bien- pensants oublient bien vite.
Eux, ils n’ignorent pas l’existence de ces personnes qui n’ont que la rue.
L’auteur leur donne la parole et nous offre une œuvre maîtresse sensible et forte.

Jean-François Chalot