Anatolia Rhapsody
de Kenan Görgün

critiqué par Darius, le 19 février 2022
(Bruxelles - - ans)


La note:  étoiles
Il était une fois…
Il était une fois un émigré turc qui voulait devenir écrivain.

« Quand j’ai commencé à écrire, j’ai pris une décision : je n’écrirai pas ce qu’on attend d’un Belge d’origine turque. Je ne raconterais pas mon nombril interculturel, ma famille, son immigration en quête du rêve européen, mes racines bilingues, mon contact avec une petite amie belge avec qui on s’aime alors qu’on ne peut pas s’aimer.

« Je me souviens de journalistes qui m’ont contacté à la publication de mon premier livre. J’étais enchanté par leur nombre. Puis j’ai compris qu’ils ne s’intéressaient pas à mon texte et j’ai déchanté. Ce qui les intéressait c’est que je sois d’origine turque et visiblement le premier écrivain francophone d’origine. Quel bel exemple d’intégration, quel exotisme sophistiqué ! ils voulaient me faire parler de ce que cela fait d’être Turc et écrivain. Et surtout que pensais je des Turcs et de la Belgique ? Étions nous intégrés ou ghettoïsés ? et l’Europe dans tout ça, amour-haine ou amour ou haine ? j’ai refusé d’en rencontrer un certain nombre. Je publiais enfin un roman et on me demandait de parler d’exil avouant à demi-mot ne pas avoir lu mon livre ..!

« A vouloir ainsi échapper aux étiquettes, je n’ai pas évité certains pièges. Je me suis tenu éloigné de tous les sujets qu’on aurait pu qualifier de turc, je me suis privé moi-même de parler de ce qui me brûlait la langue.

A présent, le vide est comblé. Dans cette rhapsodie anatolienne, Kenan Görgün nous raconte ses ancêtres, sa vie dans une famille turque de Gand puis de Bruxelles, ses fréquents séjours en Turquie, le phénomène de l’immigration.. C’est bien sûr intéressant, mais j’ai préféré ses livres précédents.