Les culs-reptiles
de Mahamat-Saleh Haroun

critiqué par Pacmann, le 5 septembre 2022
(Tamise - 59 ans)


La note:  étoiles
Un plongeon dans l’Afrique noire
L’auteur et réalisateur franco-tchadien Mahamat-Saleh Haroun s’inspire de l’extraordinaire histoire d’Eric Moussambani, qui concourut sur le 100 mètres nage libre pour son pays, la Guinée-équatoriale, lors des jeux olympiques de Sydney en l’an 2000.

Cet athlète invité sans devoir réaliser des minima a en quelque sorte battu le record de tous les jeux en l’établissant la distance avec la durée la plus longue, soit près de 3 minutes alors que le vrai record est de moins de 50 secondes. En réalité, Eric Moussambani pouvait à peine nager et ne s’était jamais entraîné dans une piscine aux dimensions olympiques avant sa participation mémorable.

Le roman est sans doute plus dramatique que la véritable histoire, et le héros du roman, Bourma Kabo, dont la nationalité, certes d’un pays africain, n’est pas citée, est instruit, mais originaire d’une ethnie qui n’est pas considérée comme alliée du pouvoir. Il est victime de ces culs-reptiles, ces personnes oisives qui font la honte de son pays et qui le plongent dans l’immobilisme. Il veut s’en sortir, mais pas à n’importe quel prix, car il refuse d’être manipulé par une clique au pouvoir dont il ne souhaite pas faire le jeu.

Le récit, tout en étant plaisant et d’une lecture aisée, reste curieusement émaillé de clichés sur l’Afrique et les Africains. S’il n’avait pas été écrit par un auteur de couleur, il aurait presque pu être décrié comme un ouvrage véhiculant des a priori xénophobes, comme l’oisiveté, la propension à une sexualité débridée, le népotisme, la corruption congénitale, et j’en passe.

Ce roman qui fait tout de même le plaidoyer du continent noir et se voulant aussi lanceur d’espoir en prenant en exemple ce héros romanesque, ne remportera sans doute pas de grands prix vu son niveau littéraire correct mais pas exceptionnel.

Il n’empêche que ce fut tout de même un très bon moment de lecture.