Celui qui veille
de Louise Erdrich, Sarah Gurcel

critiqué par Saint Jean-Baptiste, le 9 août 2022
(Ottignies - 88 ans)


La note:  étoiles
La vie d’un peuple en voie de disparition
Louise Erdrich nous raconte la vie des Indiens dans une réserve du Dakota du Nord dans les années 50 du siècle dernier. Les personnages du livre sont les représentants emblématiques de cette communauté. On y rencontre des anciens qui parlent encore leur langue originelle et qui se souviennent de leurs ancêtres héros des luttes contre les envahisseurs  ; des adultes qui sont partagés entre la tradition et le monde des « Blancs » ; et puis des jeunes qui se mettent peu à peu, avec énormément de difficultés, et souvent à contrecœur, au mode de vie américain. C’est le côté intéressant du livre. L’auteur(e) a du sang indien dans les veines et a probablement vécu dans ces réserves. En tout cas ses personnages sont plus vrais que nature.

Il s’y ajoute une intrigue assez prenante : une jeune fille de la tribu part dans la grande ville de Minneapolis à la recherche de sa sœur qui s’y est fourvoyée et dont on est sans nouvelle. Il lui arrive beaucoup d’aventures tragiques et ce personnage est vraiment bien tapé. On se rend compte des difficultés qu’auraient les Indiens à vivre dans une ville. Le contraste entre la vie dans une ville des États-Unis et la vie des Indiens dans leur réserve est saisissant.

L’autre objet du livre consiste à raconter les efforts du chef de la tribu pour garder la réserve des Indiens, c’est-à-dire les territoires qui leur ont été octroyés pour toujours « tant que les herbes pousseront et que les rivières couleront ». Ces territoires sont maintenant convoités par les « Blancs » qui proposent aux Indiens de les émanciper pour en faire « des Américains comme les autres ». Ce sujet est traité avec émotion mais j’ai trouvé qu’il aurait mérité d’être mieux documenté parce qu’il s’agit bien d’un projet de loi qui, à l’époque, a opposé le gouvernement fédéral au peuple Indien.

Alors, finalement, ce livre a un côté documentaire de premier intérêt mais qui mériterait d’être mieux développé. Beaucoup de petits événements sont relatés dans des chapitres assez courts et racontent la vie au jour le jour des derniers Indiens d’Amérique. C’est le côté intéressant du livre. Il raconte en plus une intrigue assez tragique, de quoi soutenir l’intérêt du lecteur de bout en bout. Mais il est construit d’une manière assez chaotique, comme si l’auteur(e) n’avait pas su ordonner ce qu’elle avait à raconter. Je pense que ce livre, malgré tout, est très original et sort du lot. Il devrait intéresser tous ceux qui veulent connaître la vie d’un peuple en voie de disparition.