La guerre du roi aux portes de l'Italie: 1515-1559
de Julien Guinand

critiqué par Vince92, le 22 septembre 2022
(Zürich - 46 ans)


La note:  étoiles
Au-delà des monts
Les Guerres d’Italie (il y en a eu onze entre 1494 et 1559) sont assez mal connues; l'historiographie en France a quelque peu délaissé cette série de conflits débutée comme une confrontation dynastique pour se poursuivre en véritable guerre politique: la France des Valois cherchant sur ce théâtre d'opération, comme sur d'autres à briser l'encerclement européen opéré par les Habsbourgs.
Dans ce livre, l'auteur, jeune universitaire, étudie les opérations des guerres menées par François Ier et Henri II (de 1515 jusqu'à 1549). Les opérations militaires se sont concentrées dans cette zone partagée par l'arc alpin, obstacles formidable qui compartimente le terrain, point de rencontre de plusieurs puissances majeures européennes de l'époque: France et Empire, mais aussi Savoie et Cantons suisses, Venise et Papauté. Julien Guinand examine de façon assez exhaustive les ressorts de la guerre: financement, logistique, commandement, armements et équipements, importance de la poliorcétique, mentalité des combattants. Le lecteur comprend à la lecture de ce beau livre la nature des opérations qui, faites de sièges et d'escarmouches, a peu donné de batailles: Mis à part la victoire de Marignan, la défaite de Pavie et quelques autres affrontement que l'histoire n'a pas retenus, les Guerres d'Italie se caractérisent notamment par leur nature, celle de la guerre "guéréante", de petits combats destinés à perturber le ravitaillement des troupes ennemies, le siège de places fortes, bases de déploiement de l'ennemi. La bataille est trop coûteuse et une défaite peut mettre un terme brutal aux opérations.
Je recommande la lecture de ce livre pour les amateurs de la période de la Renaissance qui a vu le développement de l'"art de la guerre" de façon significative par le développement de la fortification bastionnée, le recours massif aux troupes mercenaires, l'émergence de l'artillerie sur le champs de bataille, la prépondérance de certains types de troupes dans les armées tels que les chevau-légers utilisés pour effectuer des destructions ou établir des reconnaissances, la cavalerie lourde, toujours indispensable pour forcer un point de la ligne ennemie mais surtout le piquier, déployé en phalanges, il reste indispensable pour donner du poids à la ligne de bataille. L'arquebusier tend à prendre de plus en plus d'importance dans l'ordre de bataille mais il faut encore attendre quelques dizaines d'années pour que le tir supplante le choc. La révolution militaire se situe plutôt au début du XVII e siècle qu'au mitan du XVIe...