Après l'empire - Essai sur la décomposition du système américain
de Emmanuel Todd

critiqué par CC.RIDER, le 9 janvier 2022
( - 65 ans)


La note:  étoiles
La fin d'un monde
Les États-Unis, autrefois considérés comme une puissance tutélaire protectrice, seraient-ils en train de devenir prédateurs et même dangereux pour la paix et la stabilité mondiale ? Depuis des années, ils ont été impliqués dans des dizaines de conflits partout dans le monde et dont ils ne sont pas toujours sortis vainqueurs (Vietnam, Afghanistan…). Gendarmes du monde, ils placent certains pays comme la Corée du Nord, l’Irak ou l’Iran sur une liste d’états-voyous ne respectant pas leurs critères. À titre de dommages collatéraux, ils bombardent l’ambassade de Chine de Belgrade lors de la guerre du Kossovo. Ils multiplient les provocations envers la Russie en installant des bases militaires permanentes dans l’ex-Asie centrale soviétique. Ils fomentent toutes sortes de « révolutions » dites « de couleur ». Ils sont très forts lors d’interventions aériennes de bombardement contre des pays ne disposant pas de défenses sérieuses et guère convaincants quand il s’agit de se battre au sol. Ils en sont même à pratiquer la « stratégie du fou » qui les fait apparaître comme irresponsables pour mieux intimider d’éventuels ennemis. Même leurs plus fidèles alliés, comme la Grande-Bretagne, l’Allemagne ou le Japon, commencent à être inquiets…
« Après l’Empire » est un essai géostratégique sur la décomposition du système américain de domination mondiale. Publié en 2002, il commence à dater un peu, mais reste pertinent sur les causes de cette décadence. Première puissance militaire, économique et industrielle du monde en 1945, les Etats-Unis ont vu leur prépondérance s’effriter dans nombre de domaines. Ainsi à la sortie de la seconde guerre mondiale, le PNB américain représentait plus de la moitié du produit mondial, ce qui entrainait un effet de domination automatique. Aujourd’hui, alors que le monde pourrait se passer de l’Amérique, celle-ci s’aperçoit qu’elle ne peut plus se passer du monde qui doit lui fournir matières premières, produits manufacturés et même hydrocarbures. Entre 1990 et 2000, son déficit commercial est passé de 100 à 450 milliards de dollars ! Depuis, la situation s’est-elle améliorée ? Que nenni ! L’Amérique ne s’est plus attaquée qu’à de petits états comme l’Irak, la Libye ou la Syrie et sans la moindre réussite. La désindustrialisation du pays n’a fait que s’aggraver. Ses idéaux démocratiques se sont délités au profit d’une oligarchie ploutocratique. Et le grand reset que nous subissons maintenant est sans doute une conséquence de cet état de fait. Sera-t-il le dernier soubresaut d’un empire à l’agonie ou le rebond salvateur lui permettant de se maintenir encore pour mille ans ? Ouvrage très intéressant ne serait-ce que pour les fines analyses sur les liens entre économie, démocratie, alphabétisation des masses et régulation des naissances.