Le Saint
de Antonio Fogazzaro

critiqué par Cyclo, le 28 décembre 2021
(Bordeaux - 78 ans)


La note:  étoiles
la querelle du modernisme vers 1900
Pierre Maironi, après beaucoup d'errements sentimentaux (il a aimé une autre femme que la sienne), abandonne le monde après la mort de sa femme dont il se sent coupable.
Il se réfugie dans un couvent comme jardinier sous le nom de Benedetto. Sous la surveillance de Dom Clément, un moine moderniste, il prêche une réforme en profondeur du catholicisme. Dom Clément fréquente Jean Selva, un intellectuel qui forme un groupe chargé de rénover la religion en retrouvant la source vive de la foi.
Passant pour un saint, Benedetto est chassé du couvent et fuit vers Rome, où il a une audience avec le Pape à qui il conseille d'être compréhensif à l'égard des théologiens modernistes qui cherchent à retrouver la source du christianisme.
"Le Saint" a fait connaître le modernisme au grand public, au cœur des grands débats de cette période avant qu’une encyclique de 1907 ne le condamne. C’est donc l’histoire d'un simple fidèle, qui essaie de retrouver les sources et de suivre le Christ (à rapprocher du roman espagnol de Benito Perez Galdos, "Nazarin") placée dans une crise culturelle provoquée par l'intrusion du positivisme et des méthodes critiques entrant dans le champ de la théologie et des sciences religieuses. Bien que modéré dans l’analyse, le livre sera mis à l’index par la Papauté. Benedetto est suivi par des personnages nombreux, des malades qui espèrent être guéris, et aussi par la femme qu’il a aimée et n'a jamais perdu de vue, et il mourra dans le dénuement, en odeur de sainteté.
J’ai lu avec intérêt, alors même que je ne suis pas expert en religion catholique, ce roman injustement oublié.

Du même auteur, "Un petit monde d'autrefois" (voir critique CL) et "Malombra" : Mario Soldati tira un film de ces deux romans en 1941 et 1942, typiques du courant esthétisant qui précéda le néo-réalisme italien.