Meurtres pour mémoire
de Didier Daeninckx

critiqué par Mademoiselle, le 13 septembre 2004
( - 36 ans)


La note:  étoiles
Quand un roman dévoile l'histoire
J'ai étudié ce roman lorsque j'étais en troisième. Ayant rarement (pour ne pas dire jamais) apprécié les livres étudiés en cours de français, j'ai abordé celui-ci avec scepticisme. Mais dès que j'ai commencé à le lire j'ai oublié mes préjugés. Car ce roman mélange deux choses que j'adore: une enquête policière et l'Histoire.

Le récit commence le 17 octobre 1961. Plus d'un million d'algériens bravent l'interdiction et manifestent pour "l'Algérie algérienne". Ils sont bientôt pris en chasse par les CRS qui participent gaiement à ce jeu de massacre. L'Institut médico-légal constatera 60 morts dont un Français, Roger Thiraud. Vingt ans plus tard, son fils, Bernard, est à son tour assassiné.


Avec ce roman, Didier Daeninckx a dévoilé en fait deux parties de notre Histoire. Le massacre lors de la manifestation pour l'Algérie est véridique. Mais il y dénonce aussi la collaboration de certains fonctionnaires français sous l'occupation allemande. Le préfet Veillut est en fait Maurice Papon qui, lorsque Didier Daeninckx a écrit ce livre, était toujours considéré comme un "serviteur de la nation". Ce roman est donc à lire plus pour sa culture personnelle et pour son côté historique que pour l'intrigue qui n'est là que pour pouvoir parler de ces faits.
Valeur sûre 9 étoiles

Toi qui veux lire un très bon roman, bien écrit en lien avec notre histoire contemporaine par un auteur qui a des choses à dire, ce livre est pour toi !
….et la plupart des ouvrages de Didier DAENINCKX d'ailleurs.
Le style est bon, précis et le fond ne peut pas laisser indifférent. A lire

Vinmont - - 49 ans - 30 août 2019


Quand l’Algérie flambait … 8 étoiles

Il y a la guerre en Algérie et il y aura des exactions en France. 1961, une manifestation de Français musulmans – on ne dit pas encore Algériens – à Paris pour protester contre le couvre-feu qui leur est imposé à eux, et eux seuls, va faire l’objet d’une répression féroce, il vaut mieux parler d’exactions. On ne parle pas encore du métro Charonne. Non, c’était quelques mois avant Charonne.
Didier Daeninckx aurait cherché à écrire sur ces évènements auxquels des membres de sa famille proche auraient assisté et qui en seraient restés marqués. Il va donc écrire ce « Meurtres pour mémoire », et introduire des éléments de fiction dans cette manifestation : un jeune professeur d’histoire, Roger Thiraud, qui rentre chez lui, assiste effaré au massacre. Il y assiste un peu trop. On l’assassinera avec les autres. Vingt ans plus tard, son fils, Bernard, subit le même sort ; il est assassiné, à Toulouse.
Un inspecteur de police pas très conformiste, l’inspecteur Cadin, va se jeter sur l’os à ronger et, malgré les obstacles qu’on mettra en travers de sa route sera amené à passer du meurtre du fils, dans les années 80 , à celui du père, en 1961. Didier Daeninckx s’y prend très intelligemment en mêlant faits réels et fiction et en mélangeant également époque moderne et celle de l’après-guerre. C’est certainement un sujet qui lui tient à cœur (on a vu pourquoi) et il ne lâche pas le morceau. Une occasion rare pour nous autres Français de regarder en face des épisodes historiques qu’on a plutôt tendance à enterrer, comme un secret honteux.
A noter un personnage trouble dans cette affaire ; le Préfet Veillut, du genre haut fonctionnaire qui exécute les ordres sans états d’âme et qui exécute tout autant ceux qui sont en travers du chemin, et ce Préfet Veillut semble être le portrait – psychologique – craché d’un véritable Préfet de Police celui-là, qui sévit pendant l’Occupation allemande comme pendant les évènements d’Algérie ; le Préfet Maurice Papon.
Didier Daeninckx s’est toujours illustré dans le polar social ou politique. Cette fois-ci ne fait pas exception.

Tistou - - 67 ans - 24 juin 2011


magistral, surtout sur le plan historique 8 étoiles

Une histoire qui dénonce de façon magistrale les crimes racistes contre les Algériens (pendant la guerre d'Algérie) et les crimes fascistes commis par les français (pendant la deuxième guerre mondiale).

Anne&Co - - 48 ans - 21 septembre 2009


Récit convenu 5 étoiles

Je viens de relire ce livre que j'avais déjà lu au lycée. Je dois avouer que je ne m'en rappelais plus du tout. Mauvais signe ?
Après (re)lecture... oui! Non pas que cela soit un mauvais livre mais d'une part je ne suis guère amateur de romans policiers et d'autre part j'ai trouvé le récit convenu, sans réelle surprise avec des interactions entre personnages, voire des personnages eux-mêmes, trop stéréotypés.
Reste le contexte historique parfois intéressant... c'est d'ailleurs la première partie de l'intrigue (jusqu'au premier meurtre) qui m'a le plus séduit. La description de la violence lors de la manifestation ainsi que la mise en place du récit selon 3 itinéraires qui finissent par se rejoindre sont plutôt bien vues.
Dommage que la suite soit si banale.

Ngc111 - - 38 ans - 4 mai 2009


Excellent roman noir, polar, historique, sociologique, humain... 8 étoiles

J’aime beaucoup les romans de Didier Daeninckx qui sont toujours des textes entre romans noirs, policiers et brûlots politiques. Oui, nous sommes bien en présence d’un écrivain engagé, d’un amoureux des polars et d’un auteur à la plume acerbe et précise. C’est donc avec un capital confiance assez élevé que j’ai acheté pour une misère un de ses romans publié dans la collection culte, Série Noire, de chez Gallimard. Il s’agissait de « Meurtres pour mémoire », roman publié pour la première fois en 1983 ! Je l’ai lu en très peu de temps et je suis, une fois de plus, surpris par la qualité de l’écriture, la maîtrise du suspense et le discours politique sous-jacent. Oui, ce Daeninckx est un romancier noir (je ne parle pas de la couleur de sa peau, je précise au cas où…) de grande qualité !
C’est l’histoire d’un meurtre qui se cache, se dissimule dans un drame de la décolonisation en octobre 1961 à Paris. Roger Thiraud, un jeune professeur d’histoire passionné de cinéma fantastique s’écroule sur un trottoir. Il n’y aura pas d’enquête. Si un européen est mort ce jour là, c’est qu’il avait certainement quelques actions à se reprocher… Il devait porter des valises pour le FLN… Ou, alors, avait-il carrément trahi ses amis indépendantistes…
Vingt ans après ce drame, alors que sa jeune femme n’arrive toujours pas à reconstruire sa vie, un nouvel assassinat, à Toulouse, cette fois, va permettre à l’inspecteur Cadin de découvrir comment à une si grande distance dans le temps un criminel frappe deux fois la même famille… Oui, j’ai oublié de vous dire, mais c’est annoncé très rapidement dans le roman, que les deux victimes sont du même sang…
Comme ce roman est construit sous la forme d’un polar – même si le coté historico-politique est le plus important – je vais stopper là mes révélations intempestives…
C’est un très bon texte qui a servi de scénario à un film de Laurent Heynemann avec Christine Boisson et Christophe Malavoy. C’est bien la preuve qu’un bon film peut naître d’un bon roman français. Mais ne croyez pas que je sois nationaliste ou sectaire. Comme tous les amateurs de romans noirs, je suis capable d’aller lire des auteurs étrangers, y compris dans leurs langues maternelles, du moins pour certains d’entre eux…
La lecture de ce roman sera plus délicate pour ceux qui ne connaissent pas assez l’histoire de la guerre d’Algérie et celle, encore plus lointaine, des Juifs en France durant la seconde guerre mondiale. Mais, qui sait, ce pourrait être l’occasion d’approfondir certaines connaissances sur deux périodes dont la France ne s’est pas encore complètement remise…

Shelton - Chalon-sur-Saône - 67 ans - 7 mars 2008


Comme souvent. 10 étoiles

Didier Daeninckx écrit, une fois de plus, un très bon livre.
La forme est toujours impeccable et sert le fond de manière magistrale.

Eleinad - POITIERS - 74 ans - 27 décembre 2005