La félicité du loup
de Paolo Cognetti

critiqué par Pucksimberg, le 18 novembre 2021
(Toulon - 44 ans)


La note:  étoiles
Des animaux et des hommes
A Fontana Fredda, dans le Val d’Aoste, Fausto est cuisinier dans un petit restaurant pendant que Silvia est serveuse. Il a 40 ans et est aussi auteur, Silvia quant à elle a 27 ans. Fausto a quitté la vie milanaise et la femme avec laquelle il vivait et se régénère dans ces grands espaces. Il travaille pour Babette, ce qui n’est pas sans rappeler le texte « Le Festin de Babette ». La vie à la montagne occupe une grande place dans ce roman dans lequel le lecteur suit le rapprochement de ces deux personnages mais aussi le quotidien d’autres personnages qui gravitent autour de Fausto.

Ce roman a quelque chose de suranné alors qu’il est contemporain. Il ne s’y passe pas grand-chose : le lecteur découvre la vie à la montagne, les glaciers, les refuges, des randonneurs, les animaux sauvages, un petit peu la chasse … On y découvre des être simples, attachés aux lieux, loin du capitalisme … Cet univers littéraire pourrait même surprendre aujourd’hui. Fausto est tout content de s’acheter une hache ! Le lecteur doit donc se libérer de l’univers romanesque habituel. Et j’avoue que ça a été très plaisant pour le citadin que je suis. Le roman se compose donc d’éléments simples et de valeurs humaines.

L’écriture de Paolo Cognetti est à l’image de cet univers. Les chapitres sont courts et le style est dépourvu d’ornementation. L’auteur va à l’essentiel. Sa façon de retranscrire les dialogues est quant à elle originale car il supprime les tirets et les guillemets, ce qui mêle les interventions des personnages à la narration sans poser pour autant de problèmes de compréhension. On se repère très vite ! Malgré la simplicité de la narration, l’auteur, par le biais de son personnage, évoque souvent le peintre Hokusai et le mont Fuji vient donc se superposer sur le paysage italien. Cela donne un certain exotisme et transfigure aussi quelque peu la description. Le fait que la nouvelle « Le Festin de Babette » de Blixen soit évoquée modifie aussi notre rapport à diverses scènes. Ces deux références ne complexifient pas la compréhension mais confèrent un autre niveau de lecture qui habille la trame de ce roman.

Ce roman peut se révéler dépaysant et rappeler qu’il existe plein de façons de vivre différentes. L’univers de Paolo Cognetti gagne à être connu et touche avec peu de choses.

roman quelque peu sociologique 8 étoiles

« La félicité du loup »
roman de Paolo Cognetti
210 pages
août 2021
Chez Stock

Une vie rude, enrichie par l'amitié

On sent tout de suite que l'auteur connaît bien la montagne, sa beauté, ses dangers et la vie dure qu'on y mène.
Il nous introduit tout de suite dans une station un peu familiale où il y a un peu de touristes mais aussi et surtout les gens qui y habitent et qui y travaillent.
Dans un restaurant de la station, en hiver, deux personnes qui y travaillent font connaissance, Fausto la quarantaine, écrivain et Sylvia, vingt-sept ans « artiste ».
Lui est chargé du repas, elle du service et tous les deux sont saisonniers.
Chacun a son passé, son histoire mais ces deux là commencent à se plaire .
C'est d'abord un amour physique qui les lie et après le reste arrive tout doucement, pour les quelques mois de la saison.
Que vont-ils faire, à la fermeture ?
Chacun va de son côté.
L'appel de la montagne est fort, très fort.
Il y a la vie rude, très rude mais aussi la fraternité et même l'amitié.
Le lecteur va accompagner cet homme dans son ascension à la recherche d'un autre travail là haut sur la montagne .
Il va aussi monter plus haut, très haut avec Silvia qui va travailler dans un de ces refuges de montagne.
Il s'agit pour elle d'avoir un petit peu d'occupation et de quoi vivre.
A un moment de sa vie, il faut savoir « poser ses valises », saisir l'occasion.
Vont-ils faire le pas ?

Jean-François Chalot

CHALOT - Vaux le Pénil - 76 ans - 13 avril 2022