Contes juifs … de Bosnie ! Vous rendez-vous compte de l’extrême spécificité de la chose ? La Bosnie qui fut, à l’instar de ce que nous raconte « Le pont sur la Drina » une terre où toutes les religions qui comptent se sont rencontrées, côtoyées, … pas mélangées en tout cas. D’ailleurs, à propos du « Pont sur la Drina », une nouvelle : « Lotika », est carrément un chapitre ou un morceau de chapitre du « pont sur la Drina ». L’explication est donnée en postface puisqu’en fait il ne s’agit pas d’un recueil de contes ou de nouvelles conçu par Ivo Andric, mais d’un assemblage de nouvelles ou de chapitres de roman, écrits par Ivo Andric, et rassemblés par Radivoje Konstantinovic, un traducteur et écrivain bosniaque.
« Le présent choix de contes du Prix Nobel yougoslave, Ivo Andric, s’est fait, en quelque sorte, tout seul. J’ai eu l’idée de rassembler tous les contes d’Andric ayant trait aux juifs. »
Il y a également, du coup, deux extraits d’une autre œuvre, « La chronique de Travnik » – puisqu’à en croire Radivoje Konstantinovic Ivo Andric n’aurait réellement écrit qu’un roman : « Mademoiselle », « Le pont sur la Drina » comme « La chronique de Travnik » seraient plutôt des chroniques … Bon, personnellement classer « Le pont sur la Drina » comme roman ne me pose pas de problèmes …
10 nouvelles moins 3 extraits, restent 7 contes dont l’éponyme « Titanic » en prise directe avec l’histoire récente (au moins à la date d’écriture) : la seconde guerre mondiale et l’Holocauste.
« Titanic », c’est en quelque sorte une Holocauste au petit pied qui voit un juif, Mento Papo, qui a pratiquement renié sa condition de juif, misérable bistrotier alcoolique, se faire éliminer par encore plus « petit pied » que lui, Stéphane Kovitch, un oustachi par raccroc, un oustachi par défaut.
Les autres nouvelles ou extraits sont plutôt disparates et montrent dans l’ensemble une image conforme à la vision classique du juif ostracisé, persécuté, ce qui sans nul doute fut le cas aussi bien lorsque la Turquie dominait la Bosnie que sous l’Empire austro-hongois.
Mieux vaut lire tout de même « Le pont sur la Drina », par exemple, pour avoir une idée plus précise du talent d’écrivain d’Ivo Andric …
Tistou - - 68 ans - 7 août 2013 |