Blacksad - Tome 6 - Alors, tout tombe. Première partie
de Juan Diaz Canales (Scénario), Juanjo Guarnido (Dessin)

critiqué par Blue Boy, le 28 février 2022
(Saint-Denis - - ans)


La note:  étoiles
Un aigle sur Manhattan
Salomon, le maire de New York, se réjouit de la construction du plus grand pont du monde dans sa ville. Mais Kenneth Clarke, le président du syndicat des travailleurs du métro, entend s’opposer au projet. C’est sans compter sur la fourberie de Salomon, qui a mis un contrat sur sa tête avec la complicité de la mafia. Se sentant menacé, Clarke vient solliciter l’aide de Blacksad…

Il aura donc fallu huit ans pour voir sortir ce sixième tome – en deux parties, attendus avec impatience par les fans de cette série culte de la BD franco-belge. Une si longue attente était-elle justifiée ?
Incontestablement, les auteurs nous livrent une histoire digne des épisodes précédents, où l’on retrouve tout ce qui a fait le succès de « Blacksad ». « Alors tout tombe » nous emmène dans un New-York fictif des années 50 (même si la ville n’est jamais citée), où la corruption sévit à tous les étages jusqu’au sommet du pouvoir. Le point de départ de l’action concerne un fait historique désormais avéré à l’époque, non seulement aux Etats-Unis mais à travers le monde : le démantèlement des transports publics au profit de la voiture individuelle, à l’époque nouveau symbole de liberté et de richesse. Ici, c’est un projet urbanistique de grande ampleur, un point autoroutier gigantesque entre deux quartiers, qui doit sceller le sort des travailleurs du métro. Evidemment comme dans toute affaire de gros sous, la mafia, jamais très loin, marche main dans la main avec le maire et place ses pions, prête à éliminer froidement tout opposant au projet.

Bref, l’histoire est plutôt bien construite, on passe des sous-sols de la ville à ses hauteurs, entre les demeures luxueuses et les bas-fonds. Au menu, du sordide et de la castagne, de l’amour et du glamour, pas de doute, c’est du « Blacksad » ! L’écriture est noire, désabusée. Dans ce monde de brutes, les puissants se fichent du bien commun et auront toujours le dernier mot.

Et comme toujours, la partie graphique est saisissante, soutenue par une composition dynamique et des visages animaliers pittoresques, sans oublier les décors grandioses toujours très réalistes de « The Big Apple ». On appréciera le petit clin d’œil bienvenu au célèbre « Nighthawk » d’Edward Hopper, avec la célèbre scène nocturne où deux amants s’épanchent au comptoir d’un café quasi désert.

On ne peut pas vraiment dire que ce premier volet se distingue des tomes précédents. Attendons la suite pour se prononcer définitivement, mais on peut affirmer que le cahier des charges est largement rempli. A défaut de surprendre, l’histoire se laisse lire sans déplaisir et devrait contenter les passionnés.