Pérégrinations d’une paria
de Flora Tristan

critiqué par Colen8, le 25 septembre 2021
( - 82 ans)


La note:  étoiles
Surprenante voyageuse
Le journal de ce voyage de deux ans dans les années 1830 se lit comme un roman sur fond de l’histoire agitée par de multiples révolutions et guerres civiles au sein de la jeune république du Pérou. L’union bénie par un prêtre espagnol et la vie commune de ses parents à Paris jusqu’au décès prématuré de son père n’ayant pas été reconnues comme mariage légal Flora Tristan se retrouve enfant naturelle tout en essayant de s’en défendre. Indépendante, audacieuse et surtout très ambitieuse, séparée à 25 ans d’un mari odieux ayant repris la garde de son fils, sa fille Aline la future mère du peintre Gauguin confiée à une bonne âme, elle se lance à la découverte de sa riche et influente famille paternelle d’origine espagnole établie à Arequipa dont elle attend protection généreuse et affection gratuite.
Arrivée à destination après cinq mois de traversée sur une coque de noix sans intimité ni confort, un passage épuisant de la Cordillère des Andes, l’attente sur place des mois durant de l’oncle chef de cette famille fantasmée, quels ne sont pas son accablement et son humiliation d’être lésée de l’héritage de son propre père, de subir l’avarice illimitée et la froideur de proches parents qui lui paraissent intéressés seulement par l’or que l’on peut amasser. La sensibilité socialiste de Flora Tristan en dit long sur la cruelle domination des espagnols dans les ex. colonies de l’Amérique du Sud, sur la mise en coupe réglée des natifs indiens réduits en esclavage à côté des africains ayant survécu à la traite négrière. Son regard acéré sur la société péruvienne est comme une anticipation de bien des déboires encore à venir.