Journal: (1922-1989)
de Michel Leiris

critiqué par Poet75, le 11 septembre 2021
(Paris - 67 ans)


La note:  étoiles
Carnet de notes
J’en ai fini, hier soir, avec le Journal de Michel Leiris (1901-1990), à raison de quelques pages, quotidiennement, pendant plusieurs mois. Impossible de lire un tel ouvrage autrement que de manière parcimonieuse, tant cela s’avère peu captivant, peu intéressant. Je le dis avec regret, car j’ai grandement apprécié d’autres livres de cet auteur comme L’Âge d’Homme (1939) ou les quatre volumes de La Règle du Jeu.
Mais ce qu’on appelle Journal chez Michel Leiris, c’est bien peu de choses, comparé aux œuvres que je viens de citer. Réputé comme étant un explorateur de soi, cet écrivain n’a pourtant pas composé un Journal digne de ce nom. Il suffit, pour s’en convaincre, de comparer le volume qui vient d’être réédité par Gallimard dans sa collection Quarto avec l’édition intégrale du Journal de Julien Green en cours de parution chez Bouquins (le deuxième et le troisième tome de cette monumentale édition seront bientôt disponibles). Le Journal de Leiris, dans l’édition susnommé, fait à peu près 800 pages et ne se compose que de notations éparses, de réflexions plus ou moins intéressantes, de projets assez souvent inaboutis. Plutôt que de « Journal », il faudrait mettre « Carnet de Notes », ce qui serait bien plus approprié, à mon avis.
Bien sûr, au fil des pages de cet ouvrage, on a, de temps en temps, le bonheur de rencontrer une réflexion intéressante, un compte-rendu qui ne manque pas de pertinence. Mais que de retenue chez un auteur pourtant réputé pour être introspectif ! Malgré tout, c’est vrai, certaines pages, même rédigées dans un style sobre, laissent transparaître la fragilité de cet homme, ses doutes, sa mélancolie. Quand, par exemple, il évoque une tentative de suicide ratée, on peut difficilement ne pas être touché. Pourtant, l’auteur semble se méfier comme de la peste de toute trace de sentimentalité. C’est louable, sans doute, mais se contenter de rédiger des sortes de notes cliniques de sa vie, de ses épreuves, de ses émotions, c’est prendre le risque de laisser le lecteur au bord des pages et de s’y ennuyer…