Akhénaton et Néfertiti - Trop près du soleil
de Philippe Martinez

critiqué par Colen8, le 9 septembre 2021
( - 82 ans)


La note:  étoiles
Il y a 3 500 ans, « people » avant la lettre
Comme dans les contes, « ils furent heureux et eurent beaucoup d’enfants »… C’est ainsi que semble avoir commencé l’histoire de ce couple de légende qui n’en a pas moins conservé une part de mystère. Autant la beauté inégalée de la reine Néfertiti mère de six princesses a traversé les millénaires, autant son époux devenu Akhenaton, fils et successeur d’Amenhotep III est passé à la postérité comme un être maladif, disgracieux au possible, certains même le jugeant dépourvu d’intelligence. Ensemble ils ont connu l’âge d’or de l’Egypte, centre du monde sur le Nil, puissance ayant plus ou moins vassalisé les grands royaumes du Proche-Orient avant la menace sous-estimée de l’Empire hittite. Les allégeances de ces souverains s’exprimaient dans les relations diplomatiques et commerciales régulières accompagnées de cadeaux de valeur. Les échanges coutumiers d’épouses entraient dans la consolidation de ces liens d’amitié entre eux.
A moins d’être un égyptologue averti, mieux même d’être fin connaisseur de la XVIIIe dynastie du Nouvel Empire ce retour à l’Âge de Bronze n’est guère facile à suivre(1). Mais il nous familiarise avec les mœurs de l’époque, nous décrit son organisation, ses villes au travers des vestiges archéologiques, l’architecture de ses monuments, les décors de ses tombes, les inscriptions sur des milliers de tablettes, stèles ou objets, pour reconstituer le destin si singulier du premier monothéisme. Des siècles avant l’écriture puis la diffusion des textes bibliques servant de fondement au monothéisme juif, l’Egypte a connu durant le court règne du pharaon Amenhotep IV un basculement vers le culte unique du soleil désigné Aton Ré, dans lequel il s’est lui-même transfiguré en prenant le nom d’Akhenaton. La restriction du culte des dieux égyptiens traditionnels s’est faite au grand dam de l’élite servant jusque-là dans leurs temples.
C’est tout l’art de Philippe Martinez de faire revivre cette histoire en pointillé tantôt à partir des sources avérées, d’une interprétation jugée crédible ou controversée des plus récentes fouilles, tantôt en la servant de façon imaginaire par son érudition, toujours avec un luxe de détails comme le ferait un reportage parfois même un roman ou une enquête policière contemporains. Il retrace une période honnie des générations suivantes qui se sont acharnées à effacer les traces d’Akhenaton divinisé symboliquement à partir de l’an IV de son règne ayant pris fin en l’an XVII. En peu de temps tout s’est effacé avec l’abandon de la zone résidentielle d’Amarna dévolue au culte d’Aton avec la cité et le temple d’Akhetaton. Une ville entière avait été spécialement construite à l’instigation du pharaon sur un territoire inhospitalier semi-désertique, le long du Nil à distance des précédentes capitales royales, Thèbes au sud dédiée au dieu Amon et Memphis la plus ancienne en Basse-Egypte.
(1) Un résumé datant de 1924 existe : https://persee.fr/doc/…, qui explique la genèse supposée d’une éphémère révolution religieuse en une quinzaine de pages. Et pour suivre la reconstitution 3D du site d’Amarna : https://www.passion-egyptienne.fr/Amarna.htm