Les contrôlés
de JO 99

critiqué par CHALOT, le 11 juillet 2021
(Vaux le Pénil - 76 ans)


La note:  étoiles
BD émouvante et inoubliable !
Les contrôlés
BD de Jo 99
84 pages
http://jo99.fr/la-boutique-de-jo99-les-controles/

La vie, la vraie, malheureusement

Voici un livre que l’auteur aurait aimé ne pas avoir à écrire et à dessiner.
Il raconte une partie de sa vie « passée », un naufrage social subi trop souvent rencontré.
Cette Bande dessinée est passionnante du début jusqu’à la fin et tout de suite prend le lecteur par « les tripes » comme on dit.
Que dire si ce n’est que cette « tombée aux enfers » qui détruit tout sur son passage est le lot quotidien de tout un chacun ?
Ancien administrateur de la CAF et militant associatif de la solidarité, rien ne m’a étonné dans ce récit autobiographique, ni les réactions des travailleurs sociaux impuissants, ni les réflexions imbéciles de ces politiques, face à la détresse.
La prime, s’il faut verser la verser à ces décideurs au col blanc, coupés de la réalité pourrait aller directement à Christian Gillet, président du Conseil Départemental du Maine et Loire quand il ose faire cette annonce :
« Sinon, je songe aussi à ne plus verser le RSA ? ça coûte trop cher ! »
Quel coût ? surtout social et humain quand le RSA est suspendu brutalement….
Mais cela est étranger à l’élu, bien installé.
Les indus de la CAF sont au centre de cette BD, ce sont eux qui déclenchent la catastrophe car versés par la CAF comme prestation, ils sont redevables, exigibles et parfois exigés très vite, plongeant les familles dans le rouge.
Que faire quand sa situation est irrémédiablement compromise et qu’il n’y a plus rien en réserve ?
Certains pensent à disparaître, d’autres plongent un peu plus et perdent tout ou presque y compris leur compagne.
Cette BD explosive et les dessins réalistes me rappellent des tranches de vie, des rencontres.
Prenons par exemple ce commentaire qui illustre une planche :
« Mes interlocuteurs se multipliaient mais ils n’étaient pour moi qu’une oreille fermée à entendre la misère »
Les oreilles sont-elles vraiment fermées ou rendues inutiles.
Je me rappellerai toujours ce coup de téléphone reçu un vendredi soir à 16H par un travailleur social me demandant de trouver une solution d’hébergement à une femme en instance d’accouchement.
La dame dormait dans sa voiture.
C’était un aveu d’impuissance et un appel au secours.
Avec les bellifontains de la solidarité nous avons trouvé une issue positive mais que serait-il arrivé si personne ne nous avait prévenus ?
Commandez ce livre, lisez-le. Il est poignant et tellement authentique.

Jean-François CHALOT