Elia Kazan, une odyssée américaine
de Michel Ciment, Elia Kazan

critiqué par Bookivore, le 11 juillet 2021
(MENUCOURT - 42 ans)


La note:  étoiles
Kazan par Kazan
Grand fan de cinéma, je ne pouvais qu'apprécier grandement (je me suis retenu pour ne pas donner la note maximale) ce livre que je pensais, au départ, être un livre de Michel Ciment (critique cinéma bien connu du milieu ; Kazan en parle comme d'un des meilleurs de France dans ce livre). Mais il n'en est rien. Si Ciment (auteur de livres vraiment remarquables sur le cinéma, notamment "Kubrick", une vraie Bible) a signé la préface et a regroupé les textes, c'est Elia Kazan lui-même qui les a écrits. Des bribes de journal intime, de notes de travail, de textes de conférences ou de discours, un article publié dans la revue dirigée par Ciment ("Positif"), des extraits de courriers...
Le tout, magnifiquement et copieusement illustré de belles photos, toutes en noir & blanc (l'essentiel des films de Kazan est en noir & blanc de toute façon), photos de ses films, photos de tournages...

Elia Kazan, réalisateur, scénariste, romancier, acteur (il n'a pas tourné beaucoup) américain d'origine anatolienne, est un des grands noms du 7ème Art. Publié en 1987 à la base, ce livre aborde l'ensemble de la filmographie du réalisateur, dont le dernier film remontait alors à 1976 : "Le Dernier Nabab". Mort en 2003 à l'âge de 94 ans, Kazan n'a plus fait de films après 1976, ce qui fait que ce livre, bien que datant de plus de trente ans, est complet, contrairement aux livres de Ciment sur Kubrick et Boorman qui, par la suite, seront réédités en versions plus complètes.
On ne présente plus les classiques signés Kazan : "Un Tramway Nommé Désir", "Sur Les Quais", "Baby Doll", "Les Visiteurs" (avec James Woods), et surtout "America, America", que Kazan, pour des raisons personnelles (ayant avec sa famille émigré de la Turquie vers les USA dans son enfance, ce qui est grosso modo le sujet du film) il considère comme son grand préféré, son meilleur.
Kazan n'est pas forcément toujours très tendre avec ses films ("Le Maître de la Prairie", par exemple) mais jamais avec ses acteurs. Qu'ils soient du genre familiers de son cinéma (Lee Cobb, Karl Malden) ou "coups d'un soir" (Kirk Douglas, De Niro), il en parle toujours avec gentillesse et respect, ne parvenant pas à dire quel était le meilleur, parce que, pour lui, il ne peut pas y avoir de meilleur acteur : ça diffère tout le temps, selon le rôle, la direction, le feeling, le choix de l'acteur. De Niro est un grand acteur qui, dans certains films, mérite clairement d'être qualifié de meilleur acteur, tandis que dans d'autres, il est épouvantablement mauvais...

Un livre passionnant pour amoureux du cinéma. Il donne envie de voir ou revoir les classiques de ce grand réalisateur (et aussi metteur en scène de théâtre, ce livre ne minimise pas cette partie de la carrière de Kazan).