Boorman
de Michel Ciment

critiqué par Bookivore, le 5 juillet 2021
(MENUCOURT - 42 ans)


La note:  étoiles
Portrait filmographique d'un des plus grands
Michel Ciment est un de nos plus fameux spécialistes en cinéma, directeur de publication de la revue spécialisée "Positif", auteur de nombreux ouvrages sur le cinéma et des cinéastes (Elia Kazan, Joseph Losey, Francesco Rosi, Théo Angelopoulos...), auteur d'un des livres majeurs sur le cinéma, "Kubrick", qui résume l'intégralité de la carrière de ce grand cinéaste (d'abord paru en 1980, le livre sera réédité à deux reprises, la dernière, définitive, datant d'un an après la mort de Kubrick).
En 1985, Ciment publie "Boorman : Un visionnaire en son temps", chez Calmann-Lévy, un ouvrage qui entend bien faire, pour John Boorman, ce que Ciment a fait avec Stanley Kubrick.
La première édition de ce livre date de 1985, Boorman est toujours vivant, donc, forcément, le livre est incomplet : il s'arrête à "La Forêt d'Emeraude" (1985). Le livre sera réédité par la suite, mais j'avoue ne pas savoir si la réédition la plus récente (chez un autre éditeur) est la "définitive" (aucune ne le sera tant que Boorman sera vivant et en activité, en même temps ; même si son dernier film remonte à 2014 et que, vu son âge, il est né en 1933, il y a peu de chances qu'il en refasse un). Bon, en même temps, même si Boorman est un très grand réalisateur, il faut dire que ses films les plus récents (depuis 1990, ce qui peut faire beaucoup en terme de temps, mais qui, quand on regarde sa filmographie, ne représente pas la moitié de tout ce qu'il a réalisé comme films, il a fait l'essentiel dans les années 70 et 80) ne sont pas immenses, donc, quelque part, la première édition de ce "Boorman" fait le bilan sur le meilleur ("Hope And Glory" de 1987 mis à part) de son parcours. C'est pour ça que, malgré qu'il ne soit pas "complet" dans l'édition que j'aborde (et que je possède), je lui donne la note maximale. Ce livre offre le meilleur de Boorman. Les films qu'il faut voir de lui. Non pas que "Rangoon" et "Le Général" ne soient pas bons, mais pas autant que la grande majorité des films abordés ici.

Boorman a démarré comme réalisateur à la TV britannique avant de sortir, en 1965, son premier film, un film de commande en noir & blanc, "Sauve Qui Peut", comédie musicale à la "Quatre Garçons Dans Le Vent" mettant en scène le Dave Clark Five, sortes de clones des Beatles comme il y en avait alors des tonnes, un film sur lequel le livre passe assez rapidement, et moi aussi. Ce n'est qu'à partir de 1967 et de son deuxième film qu'il va se faire, lentement, un nom : "Le Point de Non-retour", avec Lee Marvin, chef d'oeuvre du polar. Puis l'intense et étonnant (deux acteurs, un décor, quasiment aucun dialogue) "Duel Dans le Pacifique" avec Marvin et Toshiro Mifune. Puis l'étonnant "Leo The Last", sans doute son film le moins connu (le premier excepté), avec Marcello Mastroianni, à quand un DVD en France pour ce film ?
La suite mettra tout le monde d'accord : "Délivrance". Suite au succès monumental de ce film, Boorman a carte blanche (en français dans le texte de cette chronique) pour son film suivant. Il envisage de faire "Le Seigneur des Anneaux" (il a vraiment failli faire ce film), mais au final, opte pour un scénario qu'il a lui-même signé, un film de SF totalement atypique, "Zardoz", avec Sean Connery, petit chef d'oeuvre que je défendrai toujours, qui a ses légions de fans, mais qui, trop souvent, et à tort, est associé au genre nanar. Le film est un bide tel que Boorman est obligé d'accepter une oeuvre de commande : "L'Exorciste II : L'Hérétique", sous-estimée suite du monument de Friedkin. Puis "Excalibur" le remet totalement d'aplomb, ainsi que le très écolo "La Forêt d'Emeraude", et... et le livre original s'arrête là.

Le livre offre légion de photos couleurs et noir & blanc, des dossiers par film avec à chaque fois une interview de Boorman par Ciment. On a des interviews de divers collaborateurs (chef opérateur, scénariste, etc), la filmographie finale fait un résumé concis mais complet (attention spoilers donc) de chaque film, on a les reproductions des affiches originales...
Pour un cinéphile, c'est (presque) aussi essentiel que le livre du même auteur sur Kubrick, au graphisme similaire, chez le même éditeur.