Ferme bien la porte
de Riley Sager

critiqué par Dervla3012, le 20 juin 2021
( - 18 ans)


La note:  étoiles
Horrifique, efficace, mais sans originalité
De quoi ça parle ?
Jules Larsen se retrouve dans une situation précaire. Orpheline et désargentée, elle n’a plus au monde que son amie Chloé qui l’héberge depuis que, le même jour, elle a appris qu’elle était licenciée et que son petit ami la trompait. Il est donc impératif qu’elle retrouve un travail et un logement, alors même que l’un et l’autre paraissent inaccessibles. L’offre d’emploi sur laquelle elle tombe lui semble par conséquent tenir du miracle : il s’agit de garder pendant trois mois un appartement dans un luxueux immeuble, le Bartholomew, aux abords de Central Park. Le salaire proposé est si énorme qu’en dépit des réticences de Chloé et des règles de vie dans cet immeuble, aussi draconiennes que nombreuses, Jules accepte : elle amassera ainsi une somme d’argent assez conséquente pour lui permettre de prendre un nouveau départ dans la vie. Malheureusement, ainsi que le redoutait Chloé, ce poste s’avère trop beau pour être vrai, ou du moins sans lourde contrepartie.

Mon avis :
C’est étrange. Si j’aurais bien du mal pointer du doigt des défauts dans Ferme bien la porte, je ne peux pas non plus m’extasier sans réserve. Je m’explique.
Ce roman est l’œuvre d’un écrivain qui maîtrise indéniablement son sujet : aucun temps mort, des personnages plutôt bien construits, des enchainements bien amenés… L’atmosphère de la vieille bâtisse gothique et auréolée de légendes est réussie, on frissonne chaque fois que Jules se trouve à l’intérieur, autrement dit souvent… Et, cerise sur le gâteau, l’explication finale des mystères auxquels l’héroïne est confrontée n’est pas décevante, comme cela arrive malheureusement bien souvent dans les thrillers.
Pourtant, tout dans ce roman donne une impression de déjà-vu, même à un lecteur doté d’une culture moyenne en matière de films/livres d’horreur. Les indices inquiétants que le protagoniste ignore, la maison maléfique, les vieilles personnes qui ne sont pas ce qu’elles paraissent… À tel point que l’on devine assez vite qui sera la plus maléfique d’entre elles. Et même la résolution, pour satisfaisante qu’elle soit, n’est pas sans rappeler un film récent [Attention, sorte de spoiler : « Get out »]. « Ferme bien la porte » ne présente au bout du compte rien qui puisse le faire ressortir sur la toile de fond de ses semblables (à part peut-être – mais cela me semble tout de même être à la mode en ce moment – une attention aux inégalités criantes de la société américaine).
Bref, pour résumer, un roman efficace, composé dans les règles de l’art par un habile artisan auquel il manque toutefois une touche de folie, d’originalité, pour être une œuvre de genre capable de sortir du lot.