Le rapt
de Roger Frison-Roche

critiqué par Bookivore, le 22 juin 2021
(MENUCOURT - 41 ans)


La note:  étoiles
Lumière de l'Arctique - tome 1
Sacré Frison-Roche ! Après trois romans sur la montagne alpine, aux environs de Chamonix, après trois romans situés dans le Sahara algérien, il nous offre, en 1962, un nouveau cycle, constitué, lui, de non pas trois, mais deux romans : "Lumière de l'Arctique".
Le premier de ces deux romans est paru en 1962 (le second, ça sera en 1965) et s'appelle "Le Rapt".
Chose un peu boubourse, en réédition poche, il sera catalogué après le second roman (et sur les vignettes de la quatrième de couverture de cette fameuse collection Frison-Roche du Livre de Poche, il est placé après le tome 2), ce qui fait que l'on pourrait croire que le second roman est le premier tome, et "Le Rapt", le second. Vous faites pas avoir. Ca serait pas dramatique, mais vous faites pas avoir quand même.

"Le Rapt" et sa suite "La Dernière Migration" se situent en Laponie, ce territoire enclavé entre la Norvège, la Suède, la Finlande et la Russie. L'action se passe à une époque contemporaine de la parution des romans (aucune date n'est donnée ici, mais ça se passe après la seconde guerre mondiale). Un trappeur finlandais, Paavi Mikkelsen, fait, un jour (mais l'action se passe en hiver arctique, donc, il fait nuit en permanence pendant plusieurs mois), irruption dans la hutte de Simon Sokki, un chef de clan samisk (nom traditionnel des Lapons), en tant que messager, pour lui annoncer que, pour une histoire de vengeance remontant à loin, son troupeau de rennes est menacé d'être volé par un autre clan samisk. Il convient de le protéger. Sans renne, un Lapon ne peut s'en sortir, tant financièrement que socialement.
Parallèlement, Kristina, 14 ans, fille un peu sauvageonne de Simon, est forcée de quitter son village (sa cita, selon le terme samisk) pour partir avec Fru Tideman, l'assistante sociale de la grande ville, qui entend bien faire d'elle une brave petite citadine norvégienne bien élevée, bien civilisée, et qui, d'ailleurs, n'a que mépris pour les samisk, qu'elle considère comme des sauvages.
Mais qui sont les sauvages, dans l'histoire ? Les Lapons qui vivent dans la taïga, rudement, au caractère tellement bien trempé qu'ils en semblent aussi durs que des rocs, ou les gens de la ville, qui pour certains les méprisent ("les laps", qu'ils les appellent) et qui, en fait, ne valent pas mieux qu'eux ?

Un roman sur le choc des civilisations, très bien écrit (Frison-Roche avait le chic pour, en quelques lignes, nous embarquer dans son décor), le seul reproche, c'est son intrigue principale, pas forcément super géniale. Mais je chipote, dans l'ensemble, "Le Rapt" est une belle réussite, une de plus, pour l'auteur de "Premier De Cordée". Moi qui ne suis pas très très amateur d'ambiances arctiques, je m'attendais à m'ennuyer un peu devant ce roman, mais au final, pas du tout !