Steven Spielberg
de Wilfried Benon, Julien Dupuy, Laure Gontier

critiqué par Bookivore, le 25 mai 2021
(MENUCOURT - 42 ans)


La note:  étoiles
Visite guidée incomplète, mais passionnante
Comme le titre de ma chronique le dit, ce livre richement illustré propose une visite guidée à travers la filmographie de Steven Spielberg, mais une visite incomplète par la force des choses : sorti en 2001, "Steven Spielberg", édité chez Dark Star, s'arrête à "A.I.", sorti la même année. Il fait allusion au film suivant, "Minority Report" (2002) sans en montrer la moindre photo, le film en question était en cours de tournage, ou même pas encore tourné, à ce moment précis.
A ce jour, Spielberg a tourné 32 films, et ce livre en aborde 19 (plus le segment de "La Quatrième Dimension - Le Film" tourné par Spielberg). Quiconque lira ce livre maintenant se sentira forcément frustré, vu qu'il n'a jamais été réédité en version augmentée, et c'est bien dommage. Impossible donc de donner la note maximale rien que pour ça : ce livre est resté bloqué dans son temps et aurait quand même pu être remis à jour avec des chapitres concernant les films sortis après la première parution.
Ce fut fait pour les livres de Michel Ciment sur Kubrick et Boorman (enfin, pour Boorman, ça ne s'arrête qu'aux années 90 ceci dit), après tout.

"Steven Spielberg", le titre du livre est audacieux, a été écrit à six mains, par des fans du réalisateur, des cinéphiles, journalistes spécialisés (Dupuy faisait partie de l'équipe de "Mad Movies" à l'époque, je ne sais pas si c'est toujours le cas ; Gontier dirigeait alors "Cinéfil Magazine"...), qui selon leurs goûts signent tel ou tel article sur tel ou tel film. Autant le dire : qui aime bien châtie bien. Certains films de Spielby, que les trois auteurs n'hésitent pas (et moi non plus) à qualifier de légende vivante et d'un des plus grands, si ce n'est le plus grand, réalisateur américain vivant, un maître de l'entertainment, certains films donc sont parfois franchement assassinés. Disons que les auteurs font preuve de la plus totale impartialité. "Il Faut Sauver Le Soldat Ryan" fut acclamé à sa sortie par la majorité de la presse, et les spectateurs, touchés par ce film sur un sujet fort, l'adorent le plus souvent. Mais le film n'en demeure pas moins bourré de poncifs et parfois d'approximations, ce qui est, ici, expliqué. Idem pour le troisième "Indiana Jones" qui est copieusement flingué, qualifié de comédie d'aventure sans le souffle épique du premier volet. Juste un divertissement sans prise de tête, une récréation à laquelle Spielby semblait ne pas vraiment croire.
Idem pour "Jurassic Park". De mémoire, la suite de ce film, "Le Monde Perdu", est peu démonté dans le livre par rapport à "Indiana Jones Et La Dernière Croisade". Mais il n'est pas encensé non plus. Et quand c'est un classique intouchable, comme "Les Dents De La Mer", "Rencontres Du Troisième Type", le premier "Indiana Jones" et "La Liste De Schindler" (même si, pour ce dernier, des reproches sont quand même faits), les points forts sont mis en exergue avec la même impartialité que les points faibles. Les auteurs sont objectifs (et c'est bien de ne pas lire un "c'est génial vu que c'est Spielberg" à chaque chapitre), et j'aurais bien aimé savoir ce qu'ils pensent du "Terminal" ou du quatrième "Indiana Jones".
Le seul film ici qui se fait positivement défoncer, c'est "La Quatrième Dimension - Le Film" (1983), ou plutôt son segment réalisé par Spielby, "Kick The Can", d'une mièvrerie insoutenable. Ca et "Hook", aussi, seul authentique ratage de Spielberg. Mais sinon, même "Always", Amistad" ou "Le Monde Perdu" voient leurs meilleurs aspects bien mis en avant (la réalisation, des scènes réussies).
Au final, ce livre ravira (malgré qu'il soit incomplet) les fans du réalisateur, et donnera sans doute envie à ceux qui ne connaissent pas bien sa filmographie étonnante (un film de divertissement, souvent, succède à une oeuvre plus "adulte") de rattraper leur retard. 4/5 en raison de son incomplétude et de l'avis parfois un peu trop sévère sur certains films. Mais l'adage ""qui aime bien châtie bien" n'aura que rarement été aussi bien illustré qu'ici !