Le roi n'avait pas ri
de Guillaume Meurice

critiqué par Hamilcar, le 5 mai 2021
(PARIS - 68 ans)


La note:  étoiles
Rire serait bouffon
Irrévérencieux. Tel fut Triboulet, bouffon des rois Louis XII et François 1er. Compensant sa monstruosité physique par un esprit vif et pugnace, le personnage cabotine parmi la cour, use de saillies verbales et de dérision, tourne en ridicule la monarchie au grand plaisir du souverain. Car le roi s’amuse. Le fol muni de sa marotte, vêtu en habit de nain jaune, fait tinter ses grelots sans crainte des réactions royales. Mais il ne se fait pas que des amis dans l’entourage de son protecteur.
Beaucoup attendent sa chute, le promettent au gibet. Lorsque le roi ne rira plus, le règne du fou s’arrêtera.
C’est par une écriture claire et néanmoins travaillée que Guillaume Meurice parvient à nous intégrer dans ce monde des puissants où les bouffons ne sont peut-être pas toujours ceux que l’on suppose.
Outre le personnage de Triboulet dont la truculence est mise en relief à chaque page, la caricature de François 1er vaut son pesant d’or. Loin du charisme de son prédécesseur, le souverain est, selon l’auteur, infantile, irresponsable, César glouton de chère et de chair. Meurice se transforme volontiers en Triboulet pour user d’irrévérence envers l’un des personnages historiques préférés des Français. On y croit ou pas, mais ça fonctionne.
Et penser que la poésie de Jean Marot est poussive, l’auteur a bien évidemment son opinion personnelle. Mais la détruire gratuitement, c’est un peu oublier ceux qui peut être l’apprécient, c’est user aussi d’arguments qui font la censure et la critique négative.
Donc Guillaume Meurice utilise grandement les artifices de son héros le bouffon. Peut-être pour s’affirmer en tant que tel, certainement pour reprocher la censure qui sévit encore contre l’expression en général.
Mais il fait de l’équilibrisme entre ce qu’il conçoit et ce qu’il rejette. L’Histoire se raconte mais elle se caricature difficilement.
Mais soyons reconnaissant. Le livre atteint son objectif. Il fait sourire, rire serait bouffon.
Et l’auteur ne peut que revendiquer son rôle d’amuseur qu’il assume dans les médias. J’eusse juste apprécié qu’il ne flirte pas de temps en temps du côté des mauvais disant.
Pour ce qui est de l’écrivain, il peut bien évidemment affirmer ce statut.
Un bon livre avec quelques saillies pas toujours goûteuses.