Derrière les écrans
de Sarah T. Roberts

critiqué par Colen8, le 28 avril 2021
( - 82 ans)


La note:  étoiles
Les coulisses peu reluisantes des réseaux sociaux
La société post-industrielle, l’économie de la connaissance, les moyens techniques d’internet et des réseaux sociaux étaient censés valoriser le statut des travailleurs en leur ouvrant des opportunités plus gratifiantes. Rejoignant les observations d’Antonio Casilli qui signe la préface, l’universitaire américaine Sarah Roberts très impliquée depuis une dizaine d’années dans la recherche des failles masquées de la technologie s’est penchée sur le métier indispensable mais longtemps ignoré des modérateurs de contenu. Aucune IA ne peut ni ne pourra sans doute égaler l’expertise humaine quand il s’agit de visionner jusqu’à 2000 messages ou vidéos par jour et de décider en quelques secondes de filtrer des éléments, de supprimer l’intégralité ou de laisser passer. L’exposition à longueur de temps à des messages de haine et d’injures, à des images violentes et ignobles a forcément un impact psychologique sur les modérateurs désignés comme tels par euphémisme. Ils sont des dizaines de milliers de jeunes diplômés recrutés pas des sous-traitants virtuels avec une clause de confidentialité relative à leur activité exercée à distance et dans la précarité sociale. Les donneurs d’ordre se contentent de l’admettre à mots couverts, les institutions étatiques ont pris conscience depuis peu du besoin de transparence et d’harmonisation avec leurs propres législations.