L'Ecroulement de la Baliverna
de Dino Buzzati

critiqué par Pucksimberg, le 17 avril 2021
(Toulon - 44 ans)


La note:  étoiles
Des nouvelles étranges qui questionnent sur l'humanité
« Le K » de Dino Buzzati est un recueil de nouvelles reconnu internationalement pour ses qualités littéraires, alors que « L’écroulement de la Baliverna » est moins familier des lecteurs. Pourtant il est aussi digne d’intérêt et les nouvelles sont totalement déconcertantes. Dino Buzzati utilise avec efficacité la forme courte. Les histoires font 8-10 pages majoritairement. En quelques mots, il parvient à poser une situation et à faire entrer le lecteur dans des univers étranges. On se demande même parfois où il va chercher des idées aussi absurdes ou surprenantes. Dans « Le chien qui a vu Dieu », un chien terrifie les villageois car il aurait vu Dieu. Dans « Les Souris », ces petits animaux renversent la situation et sèment la terreur dans une demeure. Dans « Ils n’attendaient rien d’autre », deux individus souhaitant simplement se doucher vont être confrontés à la foule qui peut devenir incontrôlable. Dans « Les gladiateurs », un combat entre des araignées est organisé … Toutes les nouvelles sont très originales et reposent sur un scénario vraiment inattendu. C’est ce qui fait sans doute la force de Buzzati. Le sentiment d’étrangeté traverse toutes ses nouvelles.

Les animaux et la religion sont des motifs présents dans un grand nombre de ses textes. Buzzati peut se montrer parfois cruel, parfois amusant. Il interroge malgré tout l’humanité par le biais d’histoires bizarres et questionne aussi sur le destin et les mystères de la création. Certaines nouvelles possèdent même une leçon à la fin comme pouvaient le proposer les contes de fées. Cela n’est out de même pas prédominant dans le recueil. Il est aussi fait souvent allusion aux balivernes, à la bêtise, aux mensonges comme si ce point établissait un lien avec la plupart des textes. Avec leur forme même Buzzati a joué. Le lecteur lit parfois une histoire purement linéaire, parfois il innove dans la construction de son texte, tout ceci pour servir la chute et attiser la surprise du lecteur. Les narrateurs s’interrogent souvent anticipant ainsi sur les potentielles réactions du lectorat. Les dialogues sont très présents et dynamisent la trame. La traduction laisse entendre parfois les voix italiennes en restant assez fidèle aux tournures de phrase propres à cette langue latine.

Dino Buzzati a le sens du rythme et l’on ne s’ennuie jamais dans ses nouvelles. Le lecteur peut être déstabilisé, peut s’interroger sur la finalité de certaines nouvelles, mais il semble difficile de rester indifférent à ces histoires. Il y a même un côté addictif à lire ses textes. On a parfois du mal à quitter ce recueil. Les textes de Buzzati peuvent charmer par leur bizarrerie, mais questionnent aussi l’humanité.