Les Ateliers de la Meuse: Itinéraires d’une entreprise liégeoise (1835-1918)
de Michel Rutten, Erwin Woos

critiqué par Saule, le 21 avril 2021
(Bruxelles - 58 ans)


La note:  étoiles
Révolution industrielle à Liège
Cet ouvrage publié par les éditions de la province de Liège et écrit par des historiens retrace la vie d'une entreprise Liégeoise sur la période 1835-1918, autant dire l'âge d'or de Liège. Liège s'est en effet construit une solide réputation pendant la révolution industrielle, pensons à John Cockerill dont on parlait à tous les jeunes écoliers de ma génération.

Les ateliers de la Meuse est fondée par Marcellis (connu des liégeois pour le quai qui porte son nom) : c'était un poète, un juriste, puis ensuite un homme d'affaire, enfin un vrai touche-à-tout. Il construit une société familiale de construction mécanique, c'est à dire une société qui construit un peu de tout, notamment des ponts, des recouvrements de bâtiments, des machines ... La société se transforme en société anonyme à la mort de Marcellis (qui s'était endetté) et prend le nom de "Atelier de la Meuse", société qui existe toujours. La société est dirigée de main de maître par François Timmermans (mon ancêtre) pendant 30 ans, de 1896 à 1926 : celui-ci va introduire toutes sortes d'inventions de son cru (dont il dépose des brevets), ouvrir la société sur de nouveaux marchés (locomotives, marché militaire,..), ...il est au four et au moulin, gère les périodes de crises avec succès et parvient à rebondir lorsque la conjoncture s'améliore. La société devient alors très réputée et connue à travers de gros contrats et des expositions universelles ou des foires commerciales. La guerre de 1914 sera douloureuse : François Timmermans refuse toute compromission avec les allemands et la société sera obligée de stopper toute activité.

Le livre fait la part belle aux dirigeants de la société, ce que regrettent les auteurs. Il manque en effet de documentation sur la vie des ouvriers et les aspects sociaux. On sait quand même que la société - qui fut prospère dans les bonnes périodes - était paternaliste et soignait relativement bien ses ouvriers. Pendant la guerre par exemple elle a continué à les payer, aussi pour ne pas perdre ce personnel qualifié. Les gens travaillaient beaucoup et jusqu'à un âge avancé (pas de pension légale, la pension était laissée à l'appréciation du comité de direction). On a des documents qui montrent qu'à deux reprises François Timmermans demande humblement d'être relevé de sa charge qui est devenue fort lourde mais les deux fois on le lui refuse. Il travaillera jusqu'à un an avant sa mort. Amusant aussi : dans un contrats de travail d'un ingénieur, il est indiqué que l'employé s'emploiera à consacrer tout son temps à l'entreprise... autres temps, autres moeurs !

Un livre à recommander pour les férus d'histoire industrielle et pour ceux qui s'intéressent à Liège et son histoire.