Broadway
de Fabrice Caro

critiqué par Marvic, le 8 avril 2021
(Normandie - 65 ans)


La note:  étoiles
L'homme qui ne savait pas dire non
Axel a 46 ans, une vie tranquille et même banale entre son épouse Anna et ses deux enfants Jade et Tristan. Maison dans un lotissement, apéritifs réglementés entre voisins...
Il suffit d’un grain de sable pour qu’Axel dérape. Une simple enveloppe bleue.
Une simple enveloppe bleue portant son nom... et le test de dépistage du cancer colo-rectal. Oui, mais voilà, Axel n’a que 46 ans. C’est-à-dire pas l’âge "réglementaire" du dépistage gratuit !
Comment est-ce possible ? Une erreur de la CPAM ? Une farce d’un collègue, d’un ancien copain ?

Cette simple enveloppe va complètement perturber Axel. Il n’arrive plus à faire face aux aléas d’une vie, que ce soit le chagrin d’amour de sa fille, le dessin pornographique de son fils représentant ses professeurs ou les réflexions de son "cher" voisin.
Et pourtant, dans sa tête, les mots sont prêts… mais rien à faire, Axel ne sait pas dire non, Axel a trop peur de blesser.
"J’accumule les mensonges sans enjeu ni substance, après rebelle sans cause, menteur sans cause."

On retrouve dans ce roman le même genre de personnage que dans un roman précédent Le Discours, vieilli de quelques années. Ce n’est plus le mariage de sa sœur qui le stresse mais la vie d’adulte responsable, père de famille, mari, voisin qui se voudrait exemplaire.
"Nous sommes la succession de personnes étrangères les unes aux autres qui, probablement, n’auraient pas grand-chose à se dire si elles se croisaient."

Et on retrouve le même humour, indubitablement le point fort de cet auteur ; des sourires, des rires, pour des réflexions ou des situations tout à fait plausibles. Il m’est souvent arrivé de penser à Pennac.
Un excellent moment de lecture…. Et de détente. Et la lecture du Discours n’est absolument pas un préalable.
Sonnet juste 8 étoiles

A mon tour d'être séduit par ce roman, tout comme je l'avais été par le précédent de l'auteur. Le ton sonne juste, il est facile (pour moi...) de se reconnaître dans le personnage principal. Le ton est plaisant, attendri, jamais méchant ni sarcastique. Et l'ensemble bien écrit. Effectivement, ça n'est pas de la grande littérature, mais c'est sacrément bien senti ! Seule la fin (les quelques dernières pages) m'a un peu déçu.

Cecezi - Bourg-en-Bresse - 44 ans - 9 novembre 2022


roman très actuel 9 étoiles

Voici un roman suffisamment réaliste pour nous permettre de se comprendre nous-mêmes, suffisamment idéaliste pour nous empêcher de déprimer, et plein d’un humour jaune (ou noir selon notre état d’esprit au moment de la lecture) pour aller jusqu’au bout. Très contemporain, riche d’enseignement pour nombre de couples actuels, nous laissant nus devant la réalité et les épreuves à affronter (ou pas), car on peut aussi fermer les yeux devant les vicissitudes de la vie.

Fabrice Caro nous conte les soliloques d’Axel, marié à Anna, nanti de deux ados, Jade (18 ans) et Tristan (14 ans) ; ils habitent dans un lotissement, ils ont un travail, organisent tous les trois mois un apéro avec les voisins. Une vie normale, quoi, jusqu’au jour où Axel reçoit un courrier de la CPAM lui proposant un dépistage du cancer colo-rectal comme à tous ceux qui atteignent 50 ans. Mais voilà, il n’en a que 46, et cette lettre va déclencher un séisme dans sa vie. Voici que parallèlement, sa femme lui propose pour les prochaines vacances du paddle à Arcachon (il n’en a aucune envie : "Pourquoi ce besoin de partir en vacances ensemble? Dans quel but ? Qu’avons-nous à y gagner ?"), que sa fille a un énième chagrin d’amour (comment gérer ça ?) et que son fils est accusé au collège d’avoir caricaturé deux professeurs dans une posture pornographique !

Il se rend compte qu’il est à la croisée des chemins Les enfants grandissent et prendront leur envol et il voit très bien "ce que nous pouvons très bien devenir, Anna et moi, une fois que Tristan et Jade seront partis de la maison. […] nous allons passer de quatre à trois, puis de trois à deux, et quel deux deviendrons-nous alors ? À nouveau un couple ? […] Des colocataires ?" Il ne leur restera plus qu’à montrer "des photos de nos enfants aux gens qui viendront prendre l’apéritif", et à les prendre "en otages parce que ce sera pour nous la seule occasion d’oraliser une profonde blessure".

Axel a "toujours détesté la plage, je n’ai que des souvenirs traumatisants liés à la plage, des sensations de bruit, d’odeurs, d’impudeur, de sable jusque dans les pores, de complexes physiques exacerbés par la quasi nudité, cette sensation étouffante que toute la plage ne regardait que moi". Donc pas envie d’aller à Arcachon ! Et, lors d’une des rencontres avec la prof de son fils (qu’il tente d’excuser), il apprend qu’elle "parcourt le pays sac au dos, elle fait ça un mois tous les étés, chaque fois dans un pays différent, seule, pour se retrouver, se ressourcer, pousser chaque fois plus loin la recherche de son moi profond, s’éprouver face à la solitude". Et Axel retrouve son fameux "fantasme de la disparition. S’évaporer, sans préavis, sans laisser la moindre nouvelle, partir, prendre congé, démissionner de la vie, démissionner de la réalité".

Perdu entre le réalisme de la vie quotidienne ("C’est donc ça la réalité") et l’idéal de ce fantasme, que peut-il décider, que va-t-il décider ? Tout est-il "foireux par essence" ou y a-t-il une possibilité d’avoir une prise sur notre vie ? Ce court roman (que j’ai pourtant mis une semaine à lire, étant donné mon hyper-activité) m’a vivement intéressé sur la conduite d’une vie en général et sur la façon de vivre en famille dans le monde d'aujourd'hui, de moins en moins simple, me semble-t-il ?

À noter aussi que Fabrice Caro écrit aussi sous le pseudo de Fabcaro des romans graphiques (ex-BD) à l’humour déjanté.

Cyclo - Bordeaux - 78 ans - 25 juin 2022


Divertissant 7 étoiles

Conseillé par une collègue, j'ai été agréablement surprise. Ce n'est pas mon style de lecture habituel et la 4eme de couverture ne m'aurait pas amené à le lire.

Léger et divertissant, j'ai parfois bien ri des mésaventures anodines du "héros", on se reconnaît dans certaines situations, mais je dois quand même avouer que j'ai un petit goût d'inachevé en bouche...

Je ne regrette pas de l'avoir lu, peu épais il se lit vite, et les livres qui arrivent à vous arracher plus qu'un sourire sont assez rares pour se pencher sur celui-ci.

Badzu - versailles - 48 ans - 19 mai 2021