Portraits d'un royaume: Henri III, la noblesse et la Ligue
de Nicolas Le Roux

critiqué par Vince92, le 1 octobre 2021
(Zürich - 47 ans)


La note:  étoiles
Guerres de religion?
La période des Guerres de religion constitue l’une des pages les plus noires de l’histoire de France, elle s’inscrit dans la liste de ces guerres civiles qui, de la guerre de Sécession à la guerre d’Espagne, des guerres de la Révolution russe à l’éclatement de l’ex-Yougoslavie, soulignent le paroxysme de la violence armée ainsi que l’absurdité des affrontements entre les hommes : comment des individus autrefois frères, voisins, partageant une même culture, des mêmes valeurs, un même espace géographique, parfois depuis des siècles peuvent soudainement en arriver à trucider les gens qui formaient leur proche entourage hier encore.
On a fait des Guerres de religion un conflit, ou plus exactement une série de conflits ayant pour objet la manifestation des différences religieuses qui secouaient l’Europe et la France au temps de la Réforme protestante. Sans minimiser l’importance de la discorde au sein de la famille chrétienne, le livre de Nicolas Le Roux livre une image très éclairante sur le paysage politique et social du deuxième Etat : celui de la noblesse en France au XVIe siècle et particulièrement pendant le règne d’Henri III, ce souverain qui mourra assassiné par Jacques Clément, un moine fondamentaliste.
A la mort d’Henri II, ses fils, François II et Charles IX montent sur le trône sans descendants mâles et c’est finalement Henri III qui débute son règne. Sous l’influence de sa mère, Catherine de Médicis, des Guise et des grands féodaux du royaume, le nouveau roi va louvoyer dans sa politique au risque de provoquer des mécontentements dans son entourage. La cour, avec les différentes charges afférentes, est le lieu au sein duquel le pouvoir politique s’affirme : un ministre révoqué et celui-ci se retrouve dans le parti des mécontents, prêt à rejoindre l’un ou l’autre des partis qui se livrent la guerre. Cette époque est aussi celle d’une crise de succession avec l’avènement de la famille de Bourbon après le règne des Valois dont Henri III sera le dernier représentant.
Nicolas Le Roux développe dans son ouvrage , au travers quelques portraits de personnages significatifs, les logiques de cour, la dynamique de l’action politique dans cette période chahutée. Son livre est à ce titre très éclairant, cependant on aurait aimé voir développée une idée générale (à savoir que les grands n’avaient pas de convictions religieuses très fortes, sauf quelques-uns et privilégiaient dans leurs alliances les intérêts dus au prestige ou à la richesse plutôt que la victoire d’un camp idéologique) illustrée par les portraits. Ici, c’est au lecteur de tirer les conclusions (qui s’avèrent peut-être erronées) d’une démonstration qui ne dit pas son nom. Par ailleurs, la plume est parfois un peu lourde avec des tournures à la mode mais erronées comme « participe de…» .