16, rue d'Avelghem
de Xavier Houssin

critiqué par Clarabel, le 28 août 2004
( - 48 ans)


La note:  étoiles
La maison ressuscitée
Quel merveilleux écrivain, ce Xavier Houssin ! Déjà j'étais sous le charme avec "La ballade de Lola", premier roman bouleversant sur la disparition d'une fillette sur le chemin d'école. Avec "16 rue d'Avelghem" l'auteur renoue avec la sensibilité. Suite à la destruction du quartier de son enfance, le narrateur fait revivre cette maison d'un quartier de Roubaix, là où ses parents et leurs nombreux enfants ont emménagé jusqu'à la fin. La fin d'une vie, merveilleusement et à juste dose racontée. Beaucoup de pudeur, d'émotion fine. En des phrases courtes, presque lancées à la mitraillette, l'histoire découle son tapis rouge et met en scène un couple de gens ordinaires dans un quartier des corons près des usines de textile. C'est tout un pan de vie, toute une époque qui revoit jour. La vie de cette famille, les Lapierre, est bouleversante par ses petits riens et ses ordinaires qui font un grand tout. On tourne les pages, avide de connaître davantage de leurs vies. Les joies, les peines, les doutes, les peurs.
C'est très beau. C'est hélas très court mais ce livre s'inscrit dans la lignée des beaux petits romans inoubliables. A saisir !
Saga familiale 9 étoiles

Beaucoup d’intensité et de dureté dans ce court roman de Xavier Houssin. Violence des bulldozers, tout d’abord, qui ne laissent rien sur leur passage. Un quartier entier de Roubaix, un des derniers pans de l’histoire de la ville, s’effondre en caillasse, la démolition est impitoyable.
Parmi les maisons qui composaient l’endroit, on trouve le n°16 rue d’Avelghem, repaire de la famille Lapierre, demeure qui les a vus naître, grandir et mourir. Une grande famille, modeste, des gens du Nord, des travailleurs, des êtres simples et sans manière avec un cœur gros comme ça.
Le narrateur nous raconte leur histoire, nous parle de Joseph et d’Angèle, des petits aléas de l’existence, de la misère et du bonheur, du travail en usine, de la vie qui fout le camp, du sourire qui remplace les larmes.

C’est touchant, émouvant. beaucoup de simplicité dans le langage de Xavier Houssin, un style épuré (des phrases parfois très courtes !) qui convient parfaitement à cette ambiance qu’il restitue et ces destins qu’il retrace sous nos yeux. Clarabel a raison, c’est trop court. Le lecteur s’attache rapidement à ces personnages, on a l’impression d’évoluer en même temps qu’eux, de vouloir s’en sortir, de dire au revoir à un membre de la famille avant d’en accueillir un autre… Vraiment, on se prend d’affection pour ces gens que Houssin nous présente sans tomber dans le pathos bon marché. C’est un très beau roman, qui fait du bien, car il permet de relativiser de nombreux soucis et problèmes en tout genre, de se glisser dans la peau d’autres personnes, d’avoir envie de les aider à avancer tout en supportant la frustration de n’être qu’un lecteur impuissant face à la détresse morale ou financière.

Sahkti - Genève - 50 ans - 20 octobre 2004