Mississippi solo
de Eddy L. Harris

critiqué par Elko, le 30 mars 2021
(Niort - 47 ans)


La note:  étoiles
River trip
Il y a 30 ans, alors jeune écrivain sans succès, Eddy Harris décide de descendre en canoë le mythique Mississippi. De sa source dans le Minnesota, à la Nouvelle Orléans proche de son embouchure.

Pourquoi le Mississippi ? Parce qu’il a grandi sur ses berges sans le voir véritablement. Mais aussi parce qu’il le considère comme l’incarnation de la culture américaine : autant une frontière qu’un pont, témoin de l’Histoire et acteur de l’économie.
Pourquoi en canoë ? Par défi personnel (il n’a quasiment pas d’expérience de navigation ni de bivouac), pour enfin réussir quelque chose dans sa vie, pour se prouver qu'il est capable.
Et le voilà embarqué dans un voyage de plus de 4000 km, rythmé par les écluses et les remorqueurs, ballotté par les vents et les courants. Bien sûr ce type de récit est surtout une aventure intérieure, qui met son auteur au pied du mur, le pousse dans ses retranchements et le change en profondeur.

Je suis resté sur ma faim. Je n’ai pas eu mon comptant de rencontres ni d'incursions dans la culture et l’histoire du pays de Marc Twain. Juste un homme face à la nature. Qui a relevé le gant qu’il a lui même jeté. Un homme qui ne veut pas se définir par sa couleur de peau, qui espère que ses qualités humaines effaceront les préjugés, qui malgré tout appréhende les dernières étapes dans le sud des États Unis. Qui espère sa pigmentation comme un non-sujet mais qui considère le racisme comme constitutif de l’identité américaine. L'auteur a voulu montrer la réalité américaine et non une Amérique fantasmée.

Ce livre a lancé la carrière de l'écrivain.