L'horizon où tout est possible...
de Alessandra Riggio

critiqué par Kinbote, le 27 mars 2021
(Jumet - 65 ans)


La note:  étoiles
Huit nouvelles pour se reconnecter à sa vie
Laurence, l’héroïne de la première nouvelle, "Au sein de ma mère", est une femme enfant qui, de par sa profession de guide et par goût, vit au contact de la nature. Elle est attachée à sa liberté et n’éprouve pas de peine quand elle apprend qu’elle ne pourra pas avoir d’enfant. Malgré les prévisions médicales, elle tombe enceinte et souhaite, en accord avec le père, élever l’enfant indépendamment de lui

Contre toute attente, sa vie va en être bouleversée, augmentée, au propre comme au figuré. Pendant qu’elle est enceinte. elle écoute, pour donner à son futur enfant le goût de la musique, du Brubeck et du Ravel.

Quand son fils a huit ans, après qu’elle a déménagé à la campagne et observé l’éloignement de son enfant, Laurence éprouve le besoin de « rembobiner le fil de leur histoire et revenir à zéro ». C’est par l’entremise de la musique que la mère et l’enfant vont se rapprocher… et que ce dernier va se renouer avec les perceptions sensorielles de son enfance pour aller de l’avant.

Dans "Alleluia", le chant d’une chorale entendu par une femme lors d’une visite de la Collégiale Sainte-Waudru à Mons la délivre de ses retenues et la reconnecte au présent.

Dans la nouvelle suivante, "La vie est tout… sauf un long fleuve tranquille", on suit les pas d’un homme désoeuvré qui, ne pouvant plus assurer son rôle de père, se détache de son passé. Il retrouvera bientôt tard le bonheur et le sentiment paternel avec une femme qui attend un enfant de lui…

Dans "Quand le cauchemar se fond à la réalité", une adolescente va se rapprocher de son père à la faveur d’une nuit d’orage.

Dans "Un ballon qui rebondit dans la joie et la tristesse", on suit deux familles le soir du terrible drame du Heysel, le 29 mai 1985. Une nouvelle qui rend fort bien l’effroi de cette nuit de triste mémoire.

"Point d’originalité sans un grain de folie" raconte la nuit d’enfermement hospitalier de Cécile, une jeune femme qu’on soupçonne de schizophrénie parce qu’elle est trop libre aux yeux de certains et souffre de claustrophobie…

Dans "L’étincelle de vie", Constance est une femme désillusionnée par la vie qui fait une retraite salvatrice dans un monastère pour recharger ses batteries et réintégrer le monde avec un regard différent et plus juste.

"Dans ma maison intérieure" raconte la vie d’une adolescente et ses parents dans une villa toscane. La jeune fille communique avec l’âme d’une ancienne propriétaire des lieux qui la protège et la guide à sa façon.

Par ces histoires au fort taux d’humanité, Alessandra RIGGIO nous montre bien des manières et sur quelle ressources compter pour se reconnecter à son être propre (rêve, formes de communication extrasensorielles…), à son enfant intérieur (presque tous les personnages sont des malades de l’enfance que la société leur a volée).

Son recueil se veut un hymne à la vie qui illustre par des fictions ancrées dans la réalité de la nouvelliste comment échapper à tout ce qui entrave notre développement en laissant parler le langage du corps afin de conjuguer le passé au présent et avancer, toutes antennes dehors, dans un monde au plus près de nos différences et de notre unicité.

La préface est de Laurence Amaury et l’illustration de couverture reproduit une oeuvre de Salvatore Gucciardo.