Questions de conscience, de la génétique au posthumanisme
de Jean-François Mattéi

critiqué par Colen8, le 21 février 2021
( - 82 ans)


La note:  étoiles
Médecine ou démiurgie ?
La science ne s’encombre pas de morale, elle fait avancer la connaissance, les conséquences de ses applications non plus sauf à mettre l’humanité en danger en l’absence de garde-fou. La fécondation in-vitro (FIV) d’une femme infertile en France a conduit le législateur par le truchement du CCNE(1) à se saisir d’une action relevant de la sphère privée au nom de la dignité. Ce qu’explique le pédiatre et généticien Jean-François Mattei sont les cas de conscience auxquels il n’a cessé d’être confronté pendant sa vie professionnelle, qui l’ont poussé à l’engagement politique jusqu’à être rapporteur des premières lois de bioéthique(2). Les fulgurants progrès de la biomédecine liés au séquençage du génome humain (2003) donnent lieu à une refonte régulière, toujours tardive par rapport aux évolutions sociales, de ces lois fixant les limites des essais vite franchies jusqu’aux suivantes.
La vigilance s’impose devant la tentation revendiquée ou masquée de l’eugénisme. Il est pudiquement question de trans-humanisme puis de post-humanisme par le remplacement des organes ou de leurs fonctions défectueuses. Leurs apôtres nous vantent les bénéfices collectifs de l’homme de plus en plus augmenté par la machine, le cyborg, pouvant aller jusqu’à le voir disparaître après le téléchargement de sa pensée et de sa conscience sur un quelconque support numérique. Leurs rêves ultimes sont ainsi de parvenir à l’immortalité. Plus près de nous l’échographie visant à éliminer les fœtus féminins, des pratiques du diagnostic prénatal menant à l’interruption médicale de grossesse, du diagnostic préimplantatoire à la PMA ne sont pas exemptes d’arrière-pensées plus ou moins louables. L’éthique donnant la mesure de ces pratiques si nouvelles et si puissantes permet à chacun d’y réfléchir en toute conscience.
(1) Comité Consultatif National d’Ethique(1983)
(2) Lois relatives à la bioéthique :
- 1994, non-patrimonialité du corps humain pour le don d’organe
- 2004, interdiction du clonage thérapeutique, reproductif et de la recherche embryonnaire
- 2011, élargissement des modalités de la PMA (ou AMP d’assistance médicale à la procréation), réglementation de la recherche sur les cellules souches embryonnaires et les dons croisés d’organes
- 2019, projet de révision non encore adopté par le parlement.