L'art de vivre en Hongrie
de Alain Fleischer, Jean-Luc Soulé

critiqué par Fanou03, le 7 février 2021
(* - 48 ans)


La note:  étoiles
Magyar Posta
Cet Art de vivre en Hongrie sublime magnifiquement la contrée des Magyars. D’abord par ses photographies qui forment une bonne partie de l’ouvrage. Ensuite par le texte de Jean-Luc Soulé qui offre une déambulation cultivée dans ce pays, entre Guide Vert sophistiqué et carnet de voyage intime.

Le côté touristique, presque hagiographique parfois, est en effet indéniable. L’auteur s’efforce de nous montrer les localités et les points d’intérêts les plus remarquables du pays, glissant régulièrement quelques adresses éminemment recommandables de cafés (tradition incontournable de Budapest s’il en est), de restaurants, et d’hôtels (ceux-là étant plutôt dans le haut-de-gamme). L’approche est donc essentiellement patrimoniale, géographique et un peu historique. On voit donc surtout le beau côté, clinquant ou en image d’Épinal du pays, illustré il faut le dire par les clichés léchés d’Alain Fleischer.

Le livre cependant est un peu plus qu’un simple Guide touristique. On sent qu’il cherche à capter l’âme hongroise, son génie, à travers l’évocation des ses artistes, anciens ou contemporains, ses artisans. Il y a d'ailleurs une nostalgie qui plane sur cette promenade hongroise, nostalgie d’un pays fier de son passé glorieux, blessé par des évènements historiques douloureux (la défaite de Mohacs face aux Turc ; le démantèlement de la Hongrie en 1918 qui perdit une partie importante de son territoire).

C’est avec cette mélancolie en arrière-plan qu’on s’en ira donc par les rues de Budapest, admirer la riche architecture de la ville (l’Art Nouveau en particulier, cher à mes yeux), comprendre la tradition des bains, goûter aux pâtisseries de quelques-uns des cafés les plus réputés de la capitale (pourquoi pas une part de dobos torta, gâteau à la crème au beurre ?), puis emprunter le Danube en direction de la pustza, la plaine hongroise. Un peu plus loin l’auteur nous fait découvrir la Haute-Hongrie que ce soit le pays des collines où est cultivé le célèbre Tokay, ou les beaux paysages des contreforts des Carpates, sans oublier bien sûr l’impressionnant Lac Balaton.

Le texte, quoique très descriptif au risque d’une certaine monotonie, est riche et copieux, et s’articule bien avec les photographies. Il se révèle être une invitation au voyage très réussi, permettant une immersion presque complète, à tel point qu’une nuit je vous l’avoue je crois que j’ai rêvé de la Hongrie... J’aurais pour finir hélas un seul gros bémol à faire, qui reste pour moi absolument incompréhensible pour un tel ouvrage : c’est l’absence totale de cartes, qui fait qu’on a un peu de mal, à moins de se reporter à d’autres livres, atlas ou ressources en ligne, à se représenter géographiquement les régions, les lieux et les villes qui y sont évoqués avec tant de poésie et d’admiration.