Le geste du semeur
de Mario Cavatore

critiqué par Cyclo, le 12 décembre 2020
(Bordeaux - 78 ans)


La note:  étoiles
eugénisme et pédophilie
Avec "Le geste du semeur", nous sommes au début en 1939.
Lubo Reinhardt est yéniche (tzigane), arrivé avec sa famille en Suisse où il croit avoir trouvé un havre de paix. Mais il doit accomplir son service militaire, alors qu’il déjà marié et père de deux enfants. Un jour, son frère vient trouver Lubo à la caserne et lui annonce un drame : Mirana, sa femme, a été assassinée par la police, en s’opposant au kidnapping de ses deux enfants, qui ont été pris par une organisation s’occupant de séparer les enfants yéniches de leurs parents et de les placer en famille d’accueil, pour qu’ils y reçoivent une éducation normée : "Kinder der Landstrasse" liée à "Pro Juventute" (créée en 1926 pour éradiquer le mode de vie nomade des Yéniches). C'était l'époque de l'eugénisme rail et du nazisme triomphant.
Lubo Reinhardt s’enfuit de la caserne, et élabore un plan de vengeance implacable, que je ne dévoilerai pas. Sachez tout de même que la sexualité y joue un grand rôle : le roman se déroule sur trente ans et les fils de Lubo prennent le relais pour témoigner de leur vie difficile d'enfants placés..
"Le Geste du semeur", premier roman tardif de l’Italien Mario Cavatore repose sur la chasse aux tsiganes que les Suisses, comme les nazis, mais sous une autre forme, ont pratiquée. Des milliers d’enfants n’ont jamais revu leurs parents et ont été séparés de leurs frères et sœurs. La pédophilie, très fortement cachée dans l'hypocrite société bourgeoise de haut rang, est dévoilée par un des fils de Lubo et c’est un commissaire de police qui met fin à l’affaire.
Un thriller haletant, sobre, direct à plusieurs voix dans la narration.