Avec une note légère de génie en fin de phrase
de Dominique Saint-Dizier

critiqué par Débézed, le 13 novembre 2020
(Besançon - 76 ans)


La note:  étoiles
"Les fins de mots sont difficiles...."
C’est le troisième recueil de Dominique que je lis, juste pour dire que je connais un peu le bougre, son talent, son impertinence, sa sagacité, ses traits d’esprits, ses formules fulgurantes, ses raccourcis scabreux et toutes ses autres qualités nécessaires à tout bon auteur d’aphorismes. J’avais noté lors de ma première chronique : « L’humour, il le traque au fond des choses les plus anodines là où se nichent l’incongruité, le paradoxe, l’insolite, le quiproquo, tout ce qui peut faire rire, … » et dans ma seconde : En quelques mots, il dessine un tableau saisissant, hilarant, désopilant qu’il serait difficile de rendre avec une telle fulgurance par n’importe quel autre moyen. Le court est l’une des flèches du carquois d’où il tire ses traits acérés ». Ces quelques mots, je pourrais les réutiliser pour commenter ce nouveau recueil mais j’ai préféré me référer à ce qu’en dit la station FR3 de sa région dont l’éditeur nous a gratifié d’un extrait : « … Dominique Saint-Dizier n’est pas un écrivain comme les autres ? les mots qu’il trace sont en effet toujours les mêmes, des mots piochés dans ses lectures, qu’il écrit ou plutôt qu’il dessine en miniature avec une plume de calligraphie sur des feuilles de bristol ». A première vue, nos avis sont assez proches et plutôt convergents, nous pouvons donc en déduire qu’ils sont à peu près crédibles.

Dominique, c’est un tâcheron des mots, son exigence est extrême, D’ailleurs, il a même fait un aphorisme de cette quête d’une certaine forme de perfection : « Je suis de ces écrivains contrariés qui ruminent longuement leurs phrases, avant de les jeter en pâture ». On comprend aussi que le titre qu’il a choisi n’illustre pas le résultat d’une quelconque facilité mais le dur labeur de l’auteur qui cent fois sur l’écritoire remet ses mots. « Les fins de mots difficiles sont la hantise d’un auteur ».

Le mot est son matériau de prédilection, il en a même illustré plusieurs de ses aphorismes, je n’en citerai que deux pour ne pas déflorer le recueil :

« Distrait – Qui a de la fuite dans les idées. »
« Manchot – Licencié en doigts. »

Et quand le mot est insuffisant, il tente l’expression ou le groupe de mots :

« Critique littéraire – Juge de lignes ». Celui-ci, je vais le glisser dans mes notes à utiliser en cas de rencontre avec un auteur ronchon.

Il ne limite pas à faire une sorte de dictionnaire de mots ou expressions illustrés par la plume d’une virtuose de l’aphorisme, il décoche aussi de jolis traits d’humour :

« Le virage en épingle à cheveux sur le mont Chauve lui fut fatal ».

… même noir :

« Il sait tout faire de ses mains. Il a même étranglé sa femme ».

Et pour conclure, je voudrais remercier Dominique pour ce conseil avisé, j’en ferai bon usage même si je l’avais déjà mis en pratique sans réellement en avoir conscience :

« Après soixante-dix ans, on doit accepter l’idée qu’on n’est plus assez musclé pour décrocher la lune. »