Pierrette
de Honoré de Balzac

critiqué par Monocle, le 3 novembre 2020
(tournai - 64 ans)


La note:  étoiles
Pauvre Pierrette
Pierrette. Pauvre petite fille que ses cousins rapatrient afin de capter ses rentes. De santé fragile, elle ne se plaint pas quand on fait d'elle l'esclave de la maison ROGRON. Rien ne lui sera épargné et peu à peu elle devient l'enjeu entre les libéraux et la "majorité gouvernante, fidèle à la royauté et à l'église romaine".

Sa cousine, teigneuse et jalouse, commet les pires abominations sous le regard amorphe de son frère. La jeune fille s'éteindra lentement heureuse d'en finir.

C'est ainsi dans le monde de l'argent, tout comme dans la nature : le gros mange le petit, sans vergogne.

Une fois encore l'auteur parvient à tisser son canevas avec une dextérité impressionnante. Presque deux siècles plus tard il se lit avec bonheur et je devine facilement l'émerveillement des lecteurs de l'époque. Un roman très fort.




LIEU : PROVINS

PERSONNAGES :

– Horace BIANCHON : le médecin consulté pour la maladie de Pierrette.

– Jacques BRIGAUT : fils d'un chef chouan. Garçon menuisier, c'est son « tour de France » qui le conduit à Provins. Ami d'enfance de Pierrette Lorrain, devenu son amoureux.

– Bathilde de CHARGEBOEUF : de la branche pauvre des Chargeboeuf. Epouse J.-D. Rogron pour se faire une position à Provins où elle devient « la belle Mme Rogron », et tient salon.

– Eusèbe GOURAUD : colonel retraité, rescapé de la Bérézina, bonapartiste mais lié à la faction libérale de Provins. Il a des vues sur Sylvie Rogron, et une seconde carrière après 1830.

– Pierrette LORRAIN : orpheline, confiée par sa grande mère à des parents éloignés, Jean-Denis et Sylvie Rogron.

– Jérôme-Denis ROGRON : ancien mercier, retiré à Provins. Libéral. Ce n'est pas un célibataire endurci : il épousera Bathilde de Chargeboeuf, qui compte bien le mener à sa guise. Il deviendra receveur général après 1830.

– Sylvie ROGRON : ancienne mercière, soeur de Jérôme, avec qui elle vit. Elle a plus de 40 ans en 1827. C'est elle qui s'inquiète des conséquences d'une grossesse tardive. Et c'est elle qui mène le jeu.

– Mélanie TIPHAINE : née Roguin : épouse du président Tiphaine ; « reine de la ville », domine la société légitimiste à Provins ; personnage déjà apparue en 1815, dans La Vendetta, où elle est prénommée Mathilde.

– Président TIPHAINE : magistrat à Provins, mari de la précédente, chef du clan conservateur. Aux élections de 1826 il l'emporte de deux voix sur Vinet.
Impressionnant, mais non exempt de défauts 9 étoiles

Encore un court récit impressionnant de Balzac ! Une écriture facile, profonde, fine, d'une lucidité et d'une élaboration stupéfiante. Certes, cela a ses défauts, la grand-mère qui devient riche à point nommé pour secourir sa petite fille, la maladie de la petite fille peu explicite, donc non exempt de ficelles et d'à-peu-près. Mais on voit, avec ce récit de "Pierrette", peu connue dans l'oeuvre de Balzac, toute la maîtrise facile et la profondeur de vues de l'auteur. Avec cela, toujours le même style tellement littéraire et agréable à lire.

Pas le meilleur de Balzac, mais digne d'admiration. Avec une préface intéressante qui explique bien les correspondances entre certains événements vécus de la vie réelle de Balzac avec les éléments relatés dans ce court roman.

Cédelor - Paris - 52 ans - 11 avril 2021