Jehanne au pied du mur
de F'Murr

critiqué par Minoritaire, le 4 octobre 2020
(Schaerbeek - 63 ans)


La note:  étoiles
Jehanne, la bonne Vosgienne
On réduit souvent la carrière de F’murr aux brebis en folie du Génie des Alpages. C’est oublier ses autres personnages, comme Naphtalène (« Tartine de clous »), ou ses relectures des contes de Perrault (« Au loup ! »). De relecture, il est question ici également, puisque ce n’est pas à moins qu’un glorieux chapitre de l’Histoire de France que s’attaque l’auteur : L’Epopée de Jeanne d'Arc.

Comme la Vierge à Bernadette, celle qui deviendra Jehanne d’Arque sous sa plume, la Pucelle est apparue à F’murr par hasard en dessinant une autre série pour le compte du mensuel Métal Hurlant. Trouvant ainsi sa voie, le dessinateur proposa par la suite au mensuel (A SUIVRE) sa version du destin tragi-comique d’une héroïne moins héroïque qu’alcoolique. Hic.

L’histoire officielle, tout le monde la connait : bouter les Anglois, couronner le Dauph’ Charles VII et finir sainte au bûcher. Mais ici, ce programme est passablement perturbé par des erreurs administratives dans les ordres « venus d’en Haut » dont est porteur un Archange Gabriel très service-service, par les déboires amoureux de Jehanne avec son soupirant extraterrestre, par son penchant pour la bouteille, ou par ses rapports ambigus avec Attila durant le siège de Paris.

F’murr ne s’est jamais embarrassé de vraisemblance. Ici, il mélange joyeusement en un même espace-temps Claudel, Jeanne d’Arc, les mammouths, Attila ou des extraterrestres… Sa vision de l’Histoire est joyeusement iconoclaste. D’ailleurs, l’Histoire, la Légende, l’Honneur, tous ces fameux prétextes à massacres, Jehanne n’en a cure. Par exemple, tout ce qui l’intéresse dans le siège de Paris, c’est…
Mais je ne vais pas divulgâcher ce splendide roman-feuilleton d’une petite centaine de pages (n/b) pleines d’un humour absurde mais non dénué de questionnements métaphysiques, bourrées de clins d’œil et de références.