Le Secret de la forge
de Isabelle Artiges

critiqué par Débézed, le 22 septembre 2020
(Besançon - 76 ans)


La note:  étoiles
Amours contrariés
Au début du XIX° siècle, en Périgord, Alphonse de Chaumeuil affiche richesse et satisfaction, petit nobliau campagnard, il a réussi le virage de l’industrialisation en installant à proximité de sa demeure un haut fourneau pour la production de la fonte. Son affaire et ses activités agricoles sont prospères, il fait vivre nombres de fermiers et métayers qui travaillent à la forge de l’automne au printemps. Il ne lui reste qu’un préoccupation assurer son lignage et le développement de ses activités industrielles en mariant son fils avec un « bon parti ». Mais, le fils refuse de s’enterrer dans une campagne perdue pour y pratiquer une activité sale et malodorante, il préfère la ville et ses mœurs en y exerçant une fonction de magistrat. Sa fille est tout aussi rétive, elle refuse tous les partis qu’on lui présente et s’enferme dans célibat austère et stérile. Il ne peut plus compter que sur sa petite-fille qui l’accompagne souvent à la forge et en connaît bien tous les secrets.

Il a cependant une autre préoccupation qu’il s’efforce d’oublier : la haine qui le sépare de son voisin depuis des décennies. Elle resurgit un beau jour quand le petit-fils du voisin secourt sa petite-fille coincée sous une calèche après un malheureux accident. Cupidon épingle de ses flèches les deux jeunes gens qui sombre sous un véritable coup de foudre : la boîte de pandore est ouverte, les haines et querelles ancestrales resurgissent, la violence se déchaînent, la bêtise et la rancœur provoquent des ravages…

Dans cette histoire de passion et de violence, Isabelle Artiges ne raconte pas seulement un amour rendu impossible par les actes des générations précédentes, elle met aussi en scène la vie des la petite noblesse campagnarde et de ses sujets confrontés au développement de l’industrie dans leur paisible campagne. Cette première phase de la révolution industrielle apportera richesse et pouvoir à ceux qui auront su prendre le virage au bon moment mais les cartes seront bien vite redistribuées, « une forge isolée n’est pas en mesure d’affronter la concurrence », la sélection est sévère parmi les établissements industriels, certains ne s’en remettront pas et conduiront leurs propriétaires vers des situations plus que compliquées.

En lisant ce lire, j’ai pensé à la série télévisée « Poldark » tiré du roman en plusieurs volumes de Winston Graham, où l’on retrouve cette petite noblesse campagnarde qui essaie de s’accrocher au train de la grande bourgeoisie industrielle. Ces nobliaux campagnards, en profitant de mariages arrangés, essaient d’assurer leur pérennité familiale et d’agrandir leur domaine et leur puissance industrielle en ne considérant les femmes que comme des reproductrices tout juste bonnes à donner un héritier au maître et à assurer une concentration des fortunes en apportant une riche dote. En mariant les enfants, on marie les fortunes pour les transmettre à un héritier encore plus riche. « Les Roméo et Juliette du Périgord » parviendront-il à échapper à cette triste règle ?
Á la forge d'antan... 6 étoiles

À travers ce livre l'on découvre le travail qu'exercaient les gens d'autrefois à la forge.
La différence des classes sociales est très présente.
L'orgueil de la noblesse montre une nouvelle fois que cela peut détruire toute une génération.
En ces temps-là, la femme n'était pas du tout l'égale de l'homme.
Il se dégage de ce livre une histoire d'amour entre deux jeunes gens que les deux familles respectives opposent. La haine installée entre elles depuis de nombreuses années réussit quelque peu à détruire le devenir de la nouvelle génération.
Un bon moment passé avec ce roman.

Jordanévie - - 48 ans - 16 octobre 2022