Ideal Standard: Une aventure humaine
de Jean-Paul Bailay

critiqué par CHALOT, le 19 septembre 2020
(Vaux le Pénil - 76 ans)


La note:  étoiles
un essai social et humain
« Idéal Standart
une aventure humaine
de Jean-Paul Bailay
99 pages
L'Hamattan
juillet 2020

Jean-Paul Bailay était médecin à l'époque de l'occupation de cette usine de métallurgie qui construisait des radiateurs.
Ce fut l'ultime combat de ces centaines d'ouvriers contre le patron américain qui avait décidé de fermer l'usine.

Entre 1974 et 1976, Jean-Paul est allé régulièrement dans l'usine occupée pour pratiquer des consultations gratuites pour les ouvriers et leurs familles.
C'était un acte militant, ce qu'il ne dit pas mais que j'écris ici, c'est qu'il fut un médecin progressiste, humaniste, très engagé et mettant ses compétences au service de la solidarité.
Dans ce livre, il ne raconte pas l'occupation de cette usine qui dura plus d'un an et qui fut le fleuron de la résistance ouvrière à Dammarie les Lys, cette ville ouvrière du sud 77.
Il nous fait part de ses observations, en s'appuyant sur « des documents concernant les risques sanitaires liés aux activités de l'usine ».
Le travail y était pénible et à côté des accidents de travail, il y avait toutes les nuisances sur lesquelles l'auteur revient :
le bruit et l'atteinte à l'acuité auditive ;
la chaleur et ses conséquences « allant du simple malaise passager aux maladies chroniques ( cœur et rein en particulier)
la poussière et la lumière.
Chaque nuisance est décrite, l'auteur s'appuie sur des témoignages et sur des données chiffrées.

Après cette analyse fouillée, l'auteur nous informe sur la cotation , une « qualification «  de base de 100 points.
« On ne peut s'empêcher de faire ce parallèle troublant entre la machine et l'homme. L'ouvrier agit comme une « extension », un prolongement de la machine. Lequel des deux a le pouvoir ? La machine bien sûr. L'homme doit s'adapter, mettre sa vie en danger ou être exclu. »
L'auteur revient sur la fonction du médecin du travail, les difficultés qu'il rencontrait face au patron qui détient le pouvoir....
Les lois sociales ont amélioré cette situation mais insuffisamment.

Ce livre instructif contient des photographies de l'occupation et de la lutte sociale, j'y ai reconnu mon ami Michel Garcia, très actif durant cette action...
Disparu aujourd'hui, il a été l'un de ces révolutionnaires qui ont été très actifs dans la « boîte » et à la CGT, son syndicat, comme il disait.

Jean-François Chalot