La nuit dans les yeux
de Xavier Deutsch

critiqué par Sahkti, le 9 août 2004
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
Difficile de faire du sérieux en légèreté
Autre chose, qui est plus difficile, c'est une certaine catégorie de Macintosh (les Macintosh ? ça s'appelle aussi les Quality Street, si vous voulez, mais tout le monde dit Macintosh), ce sont des bonbons dans des boîtes en fer (rondes ou rectangles, ça dépend) plutôt roses avec une dame (ou une demoiselle, on ne sait pas, ce n'est pas indiqué) et une espèce d'officier d'Ancien Régime sur le couvercle, ce sont des bonbons délicieux entre parenthèses. Mais il y en a une sorte : au beurre, ronds et plats, dans un papier doré. Là, ça ne rate pas, vous pouvez être sûr que le petit papier d'argent, en dessous du film doré, collera au bonbon, et que vous n'arriverez jamais à le retirer tout à fait, il en restera toujours quelques petits bouts qui vont grincer sous vos dents."

"La nuit dans les yeux" est le premier ouvrage publié (me semble-t-il) de Xavier Deutsch, jeune écrivain prometteur. Cette histoire est parue en 1989, l'écrivain a fait du chemin depuis. Avec lui, j'ai inversé le parcours, j'ai commencé par des romans plus récents avant de découvrir celui-ci. Ce qui explique peut-être ma déception, passer de la maturité acquise à l'enthousiasme maladroit du débutant (ce mot n'ayant rien de péjoratif à mes yeux).

C'est le récit, en forme de journal intime à peine déguisé, d'un garçon de dix-sept ans, qui raconte sa vie, celle des autres, à travers mille et une anecdotes sans grande importance. Des scènes cocasses, d'autres qui sentent le vécu (l'épisode des bonbons et du papier doré qui ne se décolle jamais du caramel plat et rond que tout le monde aime... c'est du réel !), des sentiments amoureux, de l'amitié, une famille, des parents chouettes mais bon, ça reste des parents... bref tout cela est amusant et délassant mais très vite, je me suis un peu ennuyée, c'était creux. Frais mais trop léger.
Le roman se renforce vers la moitié du livre, les propos deviennent non pas graves mais plus profonds, on devine les réflexions intenses qui trottent dans la tête de notre narrateur. Mais c'était trop tard, le charme était rompu, les petites blagues sur la languette rouge des portions Vache qui rit ne me faisaient plus sourire, j'ai refermé le livre quelque peu désappointée.