Les Hommes à terre
de Bernard Giraudeau

critiqué par Sahkti, le 9 août 2004
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
C'est la mer qui prend l'homme...
Un passage sur "Sang d’Encre" (émission littéraire de la TSR), l’envie de découvrir Bernard Giraudeau écrivain, je n’avais rien lu de lui. Ai-je choisi le meilleur ? Je l’ignore. Sa passion m’a intriguée, son amour pour la mer et l’envoûtement qu’elle provoque m’ont poussée vers ce livre.
Un recueil de cinq nouvelles, cinq lieux, cinq histoires, le voyage en fil conducteur. Avec chaque fois cette importance accordée au départ, aux attaches, à l’errance, à l’éventuel retour. Des destins à la dérive en quête de grands espaces et de sel marin… ça donne envie. Pourtant tout n’est pas rose, c’est dur, voire violent. La mer est omniprésente mais les personnages sont les véritables héros du bouquin, disséqués par la plume vive et acerbe de Giraudeau. Des êtres en quête de liberté mais aussi d’amour, de femmes, de sexe. Maladroits. Un peu paumés. Constamment à la recherche de quelque chose ou de quelqu’un. Des marins égarés en quelque sorte dont l’auteur capte chaque seconde de doute, chaque interrogation. Il ne s’en sort pas trop mal Bernard Giraudeau, son écriture a de l’allure même si elle se perd de temps en temps dans les méandres du mélo ou du lyrisme. Mais bon, derrière tout cela, on sent une espèce de passion qui emporte tout, qui coupe le souffle et veut que lorsque l’on tente de raconter quelque chose, la pensée va trop vite, les mots se heurtent, l’émotion étouffe.
Moyennement adepte des histoires de filles à marins, j’ai conservé quelques distances avec l’œuvre, j’ai privilégié la détresse de chacun au détriment des galipettes narrées, j’ai préféré leur solitude douloureuse aux rencontres d’un soir, j’ai effacé les trahisons et me suis tournée vers l’océan. J’ai donc dû faire un peu de tri, rendre sa juste place à la mer et ses caprices, prévenir les héros qu’ils avaient le droit de râler mais que leurs larmes seraient si vite absorbées par l’océan… J’ai préféré la Mer à l’Homme.
Est-ce que ce livre m’a plu ? Je n’en sais rien. Il ne m’a en tout cas pas laissé d’impression désagréable mais voilà, il appartiendra sans doute dans ma mémoire à la catégorie des bouquins lus et pas détestés mais enfouis, quelque part, dans les souvenirs. Peut-être devrais-je lire le précédent titre de Giraudeau. On m’a parlé de lettres, de correspondances, ça me plaira sans doute davantage.
Le mal de terre 7 étoiles

Bernard Giraudeau raconte ici cinq histoires de marins, qui ont tous comme point commun l’amour incommensurable de la mer.
À des étapes différentes de leur vie, l’écriture ciselée de l’auteur nous plonge dans l’univers de ces hommes singuliers, solitaires et poètes dans leur rapports en particulier à ceux qui vivent sur l’autre rive, la terre. Ces histoires sont mélancoliques, torturées et magiques. Chaque récit est poignant, beau et cinglant, les états d'âmes des personnages très réalistes, émouvants. La plume de B. Giraudeau m'a beaucoup plu, un peu moins sur les passages décrivant des scènes de sexe dont le vocabulaire était trop cru pour que j'y sois sensible.

Lindy - Toulouse - 45 ans - 24 janvier 2010